Il convient d'aborder la question du phénomène grave du terrorisme en donnant une définition conceptuelle d'un fléau qui menace la sécurité et l'avenir des sociétés, des nations et du monde entier : en effet, le terrorisme, selon la plupart des définitions, signifie provoquer une grande peur et faire trembler. A partir de 1794, dans les dictionnaires français, le concept de «terrorisme» signifie la politique de la terreur, un mode de gouvernement, qui permet d’imposer une sorte de violence systématique et d’effroi collectif sur la population, alors que « terroriser » veut dire inspirer une très forte crainte à quelqu’un ou faire trembler quelqu’un de peur.

Cette définition parait plus exhaustive pour comprendre toutes les pratiques qui affectent la vie des hommes et menacent leurs stabilité et sécurité, sans distinction de sexe, de croyance ou d'appartenance ethnique. Par ailleurs, selon cette optique, toute tentative de déstabilisation constitue une forme d’intimidation, ce qui nous oblige à nous interroger sur de nombreuses pratiques à la fois des États à l'égard des individus, et vice versa, dans le cadre de l'équation « violence et contre-violence ». Et puis, qui est responsable des répercussions de ces pratiques sur les civils et les innocents? Et, est-ce que la violence et l'intimidation contribuent à augmenter le nombre d’adeptes de l'idéologie extrémiste?

Si ces tentatives définitoires du phénomène du terrorisme confirment l’existence de préjudices psychologique et moral plutôt que matériel, qui soit de nature concrète et précise, ce que nous observons et vivons aujourd'hui dépasse toutes les approches définitoires. En effet, le terrorisme au sens courant du terme renvoie à la violence physique visible, aux déplacement, meurtres, exécutions et corps mutilés, et d'autres formes d'agressions physiques sur l’être humain et les individus, qui se retrouvent victimes d’enjeux et de système politiques, difficiles à démonter sous les nouvelles transformations sociopolitiques, qui requièrent des efforts considérables pour en comprendre les causes complexes bien évidemment dans le contexte de nouveaux changements intervenus au niveau international.

Si les pays s’efforcent de maintenir la stabilité et la préservation des valeurs et principes philosophiques et politique et de renforcer leur légitimité dans l'exercice du pouvoir, qui s’est accompagné dans quelques cas de recours à la force et à la violence en particulier sous les régimes totalitaires, cela a été violemment critiqué par et les chercheurs et penseurs (Hannah Arendt), chercheurs allemands entre autres. Non seulement cela, mais il a contribué à déclencher une guerre mondiale, qui a traduit le les conflits des idéologies et des intérêts, comme facteurs déterminants dans les relations internationales et a participé a la mise en place d'un Nouvel Ordre Mondial fondé sur la logique de la domination et du contrôle et le maintien de la logique des conflits.

Ainsi, les principales caractéristiques de ce changement se révèlent au niveau de sa contribution à l'expansion des foyers de tension et à l’augmentation du taux et de l’intensité des crises internationales, au point que l’Ordre Mondial n’a pas réussi à surmonter la plupart des problèmes politiques ni à régler les crises les plus graves, générant de nouvelles tensions et plus de polarisations basées sur les intérêts. Dans ce contexte, l'extrémisme politique international, sous toutes ses manifestations politiques, a commencé à envahir la scène internationale. Et en gagnant en intensité, l'extrémisme conduit à plus de violences, qui dégénèrent en actes terroristes, menaçant la stabilité et la sécurité de nombreux pays.

Aujourd'hui, nous sommes en train de faire face à un nouveau visage de la violence politique, une forme de violence qui menace la logique de l'État civil moderne et celle des institutions, et qui s’est transformée en terrorisme, basé sur la violation de l’intégrité de la personne humaine et sur l’atteinte à la liberté des individus de vouloir vivre en toute sécurité. En cela, le terrorisme est complètement contraire à la logique et au fondement de l'émergence de l'Etat et de l'autorité, étant donné que les théories philosophiques ont souligné l'idée de passage de l’homme de l'état de nature où celui-ci est défini comme mauvais par nature, état de violence et contre-violence, d’atteinte à la liberté et la propriété d'autrui, et de guerre de tous contre tous (Hobbes), à l’état du contrat social, de la stabilité et la garantie des droits les plus fondamentaux dans l'État et de la traduction de la Volonté Générale (Rousseau). C’est à quoi nous croyons assister aujourd'hui où la situation de chaos dans de nombreux pays risque de dégénérer et de passer à l'état de nature, selon le point de vue et la logique des philosophes des Lumières.

C’est ce qui met l’Ordre Mondial devant de plus grands défis, d’où la nécessité que les pays unissent tous leurs efforts pour limiter l'expansion du phénomène du terrorisme et de la violence dominante, de multiplier les réunions et conférences régionales et internationales, d’établir des accords dans le domaine de la paix et de la sécurité, et de revoir le trajectoire des conventions précédentes et ce, depuis la première conférence juridique sur le sujet tenue à Bruxelles en 1926 et plus tard en 1930, qui a évoqué pour la première fois le terrorisme et défini les actes et les méthodes utilisées par le terrorisme.

Cette phase préconise que l’on ouvre un nouveau chapitre dans le débat international pour réviser toutes les initiatives, à l’orée du renforcement de la coopération stratégique pour limiter tous les phénomènes à caractère extrémiste, que ce soit des pratiques violentes et terroristes, ou discours qui incitent à la violence et au terrorisme ou qui les prônent, tant sur le plan national qu’international.

Dans notre réalité actuelle, il est possible d’affirmer que le plus grand danger consiste dans le fait que les opérations terroristes, tout en faisant les gros titres des médias, deviennent des informations routinières, un peu comme des nouvelles ordinaires (faits divers), auxquelles on est habitués dans notre vie quotidienne, au point qu’elles passent sans soulever assez de cris d'indignation et des réactions de l’opinion publique, contribuant ainsi à l'expansion du terrorisme, la propagation de l'extrémisme et des attaques terroristes dans plus d'une région.

Il faudrait d’urgence d'ouvrir un véritable dialogue international, afin de déterminer les niveaux de l’évolution de l'idéologie de la violence et du terrorisme, et d’en examiner les motifs afin de l’éradiquer par une évaluation de ses causes, que celles-ci relèvent de l’interprétation radicale des préceptes d'une religion, des pratiques pour motif de religiosité, de mobiles à caractère étroitement sectaire et raciste, que la différence dans l’appartenance religieuse peut exacerber, ou bien encore d’un sentiment de marginalisation et d'exclusion sociale, ainsi que de l'ignorance ... Tous ces facteurs peuvent générer la haine et renforcer l'isolement, ce qui rend aisés à la fois l’enrôlement de ces individus prédisposés au fanatisme et leur dérive vers l'extrémisme, en les convainquant de la légitimité de la violence et du terrorisme. Ce qui pourrait s’étendre vers tous les pays, à moins que toutes les institutions sociales, politiques et les médias n’œuvrent à inculquer de manière approfondie les valeurs de citoyenneté, de tolérance et de paix dans les générations actuelles et futures.

D'autant que nous assistons à l’évolution sans précédent du phénomène de la migration entre les pays, et au développement de la technologie de communication interpersonnelle dans le contexte de la mondialisation, laquelle a permis au terrorisme de devenir un phénomène transfrontalier. Cela nécessite la mobilisation de tous les pays, et sans exception, pour s’engager sérieusement, et conformément à des priorités précises, pour limiter sa propagation, et pour adopter une stratégie susceptible de construire et de diffuser la culture de tolérance, de coexistence et de paix.