Les organisations internationales, régionales et locales ont différé, quant à l’élaboration d’une définition unifiée précise et complète du concept de terrorisme. Les dictionnaires politiques, diplomatiques, médiatiques et sociaux ont chacun, attribué une définition spécifique du concept de terrorisme. La raison de cette divergence est due à l’orientation politique des organisations et institutions, qui ont procédé à la définition de ce concept.

La complexité du terme 

Les Nations Unies ont adopté une brève définition du terrorisme comme étant: Une menace contre la vie humaine et les libertés fondamentales de l’être humain, afin d’atteindre un objectif politique précis. La définition de la Convention Arabe sur la Lutte Contre le Terrorisme, est cependant, légèrement plus large, puisqu’elle incluait les actes de violence, les menaces contre la vie, les libertés et les institutions… . Ainsi, cette définition comprenait les piliers matériels et moraux de la vie humaine, tandis que le dictionnaire politique s’est limité, dans sa définition du terrorisme, comme répandant la peur et la panique parmi les innocents, dans le but d’atteindre des objectifs politiques. Cela contraste avec les dictionnaires diplomatiques et sociaux, qui définissent le terrorisme comme la propagation par un État, un groupe ou un parti, de la terreur; afin de pousser les cibles à se rendre et à se soumettre à leurs demandes.

Quant à la Convention Internationale pour la Répression du Financement du Terrorisme de 1999, elle a défini le terrorisme comme suit: Tout acte visant à causer la mort ou des blessures à une ou plusieurs personnes civiles non armées, lorsque le but de cet acte, de par sa nature ou dans son contexte, vise à terroriser la population ou à contraindre un gouvernement ou une organisation internationale, pour agir ou s'abstenir de le faire. 

L’Organisation de la Coopération Islamique a, pour sa part, défini le terrorisme comme suit: Tout acte ou menace de violence, quels qu’en soient les motifs ou objectifs, destinés à mener à bien, un projet criminel individuel ou collectif et visant à semer la terreur parmi les innocents ou à les terrifier; mettre leurs vies, leur honneur, leur liberté, leur sécurité ou leurs droits, en danger; à causer des dommages à l’environnement ou à une quelconque installation ou propriété publique ou privée, à son occupation ou sa saisie; à mettre en danger des ressources nationales ou des installations internationales; ou encore, à menacer la stabilité, l’unité politique ou la souveraineté d’États indépendants.

L’embrouillement du concept

Dr. Ahmed Allou a déclaré, en juillet 2005, que l’administration américaine avait abandonné le terme «Guerre Contre le Terrorisme», pour utiliser l’expression «Lutte Mondiale Contre l’Extrémisme Violent» (Global Struggle Against Violent Extremism). Ce genre de guerre demeure cependant, toujours controversé, quelle que soit la nomenclature. Certains spécialistes estiment d’ailleurs, qu’il existe une confusion dans le concept du mot terrorisme, due à une traduction linguistique inexacte, voire incorrecte, du mot latin Terror, qui s’exprime aujourd’hui par «terrorisme», et qui est correspond désormais, en arabe au mot «guerrier». Puis, les juristes islamiques ont développé à une époque ultérieure, les connotations de ce terme, pour l’appliquer à la contradiction des dirigeants. Les Califes Omeyyades et Abbassides ont profité de ce concept, ainsi que les Sultans et Émirs qui sont venus après eux, pour inclure tous ceux qui ne sont pas d’accord avec leur opinion au pouvoir, ou ce que l’on appelle aujourd’hui des opposants politiques. Les spécialistes estiment par conséquent, qu’il est nécessaire de rechercher un terme plus précis pour exprimer l’intimidation, selon la compréhension islamique.

Quant aux chercheurs et juristes, ils n’ont pas encore proposé une définition précise et claire du terrorisme, tant que la différence de définitions est désormais, liée aux différentes politiques, cultures et orientations idéologiques des parties intéressées à expliquer le phénomène terroriste, au changement des schémas de l’action terroriste et de son évolution du traditionnel vers l’électronique et le cyber.

L’une des raisons de la complication à atteindre un concept spécifique du terrorisme est son imbrication avec le crime organisé et la violence politique, et son lien avec d’autres sciences, telles que la science politique, la psychologie, la sociologie et les médias.

De plus, les différents concepts du terrorisme conduisent à la différence des méthodes pour le combattre et pour déterminer s’il doit être confronté traditionnellement par des moyens militaires, ou politiquement, s’il est considéré comme un type de conflit politique, ou psychologiquement s’il s’agit d’un état psychologique. D’autres soutiennent que le terrorisme n’est rien d’autre qu’une bulle médiatique. Le mot «terreur» est apparu dans le Saint Coran, en douze endroits, sans qu’aucune de ses significations ne comprenne de référence, aucune, aux significations utilisées aujourd’hui, pour désigner le terme terrorisme, Au contraire, le terme dénotait plutôt, la cruauté, la force, et l’intimidation des ennemis d’Allah, sur la base du texte du Coran: (Et préparez contre eux tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée, afin d’effrayer l’ennemi d’Allah et le votre…). {Sourate Al-Anfal - Verset 60}.

Exploration des définitions

Lorsque nous examinons en profondeur, la définition du terrorisme, nous devons nous tourner vers l’étude menée par Alex Schmid, dans laquelle il a énuméré les éléments les plus importants de la définition et ses répétitions, en examinant 109 définitions du terrorisme, qui ont été recueillies dans une enquête auprès d’éminents universitaires dans le domaine de l’étude du terrorisme. Les résultats en étaient les suivants: 83% des caractéristiques d’identification concernaient la violence et la force, ce qui indique clairement que le terrorisme est une violence forte envers les autres. Les objectifs politiques sont arrivés en deuxième position, avec un taux de 65%, ce qui indique clairement que les groupes politiques ont une forte présence politique et qu’ils cherchent à contrôler les rênes du gouvernement sous leur parapluie idéologique. Viennent ensuite la peur et la panique à 51%, ce qui signifie que la moitié des définitions estiment que le terrorisme est un acte qui génère la peur et la panique, tandis que 37,5% le considèrent comme une menace pour autrui, et 32% y voient un acte ciblé, planifié et organisé. Il y a ensuite 30,5% qui pensent qu’il s’agit d’une méthode, d’une stratégie et d’une tactique, 30% qui y voient une violation des règles socialement acceptables, 28% considèrent que cela dépend de la coercition, de l’extorsion et de l’incitation, tandis que 21,5% pensent que cela dépend de la propagande et de la publicité, et 17,5% pensent que cela dépend des victimes, et enfin, 15,5% confirme Les victimes sont innocentes.

Ces ratios qu’Alex a mis en évidence dans son étude provenaient des définitions et des concepts d’écrivains et de chercheurs, pour la plupart étrangers. Cependant, lorsque nous avons examiné un grand nombre de définitions arabes et étrangères, nous avons constaté qu’ils ne différaient pas beaucoup de ce qu’Alex mentionnait, sans toutefois être identiques.

Il existe certes, une confusion entre différentes conceptions du terrorisme, si l’on peut dire, et il n’est pas facile de parvenir à une définition unifiée claire, étant donné que le terrorisme est un phénomène dans lequel de nombreux concepts se chevauchent, et que les intérêts politiques et religieux sont étroitement liés aux différentes idées qui lui appartiennent, ce qui augmente la dissonance du concept et la complexité du terme.