Le phénomène du terrorisme semble désormais constituer l’un des principaux obstacles à l’instauration de la paix et de la sécurité et à l’édification de l’État et de ses appareils sur tout le continent africain. Au cours des cinq dernières années, l’Afrique a connu une escalade sans précédent des groupes terroristes comme attesté par l’Indice Mondial du Terrorisme - 2014. Au cours des dernières années, la région du Sahel africain a été témoin de nombreuses menaces à la sécurité, en raison de la recrudescence des activités extrémistes et des opérations terroristes, ce qui a mis le Sénégal en état d’alerte.

L’insécurité et l’escalade de l’influence des groupes extrémistes font peser un lourd fardeau sur les gouvernements du continent africain, et font de l’Afrique la nouvelle arène de la guerre contre le terrorisme, en particulier après qu’un grand nombre de combattants étrangers s’y sont installés. En Février 2020, l’Union Africaine a annoncé à Addis-Abeba qu’elle s’apprêtait à déployer 3000 soldats dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest, confrontée aux attaques sanglantes des extrémistes. L’UA a affirmé que ce déploiement, en coopération avec le Groupe des cinq pays du Sahel et la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont le Sénégal fait partie, contribuera à dissuader les groupes terroristes.

Recrudescence du terrorisme en Afrique de l’Ouest

L’Afrique de l’Ouest comprend 15 pays: Cap-Vert, Burkina Faso, Bénin, Gambie, Ghana, Guinée, Libéria, Niger, Nigéria, Mali, Mauritanie, Sénégal, Sierra Leone, Togo et Côte d’Ivoire. Tous ces pays, à l’exception de la Mauritanie, sont membres de la (CEDEAO).

Selon les Nations Unies, le taux d’attaques terroristes contre des cibles civiles et militaires a augmenté ces dernières années, cinq fois au Burkina Faso, Mali et Niger depuis 2016, faisant au moins 4000 morts l’année dernière, contre environ 770 morts. En 2016, la plupart des attaques visaient à obtenir des armes ou à sécuriser des ports de contrebande.

Une étude publiée par le Centre Égyptien de Réflexion et d’Études Stratégiques a signalé une augmentation notable des activités des organisations terroristes en 2019, le continent noir ayant subi environ 3471 opérations terroristes, occasionnant 10.460 morts. Cette grande activité des organisations terroristes est due au déclin de leurs activités dans la région du Moyen-Orient, et une transition stratégique rapide vers l’Afrique leur était nécessaire. Le Sénégal a annoncé alors que les pays africains sont devenus les victimes du terrorisme, appelant à une meilleure coordination internationale pour vaincre ce phénomène.

Efforts antiterroristes du Sénégal

En coopération avec les associations islamiques et les ordres soufis du pays, le ministère sénégalais de l’Intérieur a organisé nombre d’activités pour sensibiliser le peuple sénégalais sur les valeurs de tolérance et de paix dans la religion islamique, et pour réfuter les préjugés d’extrémisme et de violence dont est taxée injustement la sainte religion. Les associations islamiques ont organisé des conférences pour éduquer les jeunes et entraver leur recrutement au profit de l’extrémisme. Le Professeur Omar Diallo, qui a visité le centre d’admonestation Prince Muhammad bin Nayef à Riyad, a prononcé une conférence sur la «menace du terrorisme contre l’individu et la société».

Compte tenu de l’ampleur de l’exploitation par les terroristes des différents médias pour influencer l’opinion publique locale et internationale, l’Association des Prédicateurs pour la Paix et le Développement a organisé, avec le soutien du gouvernement sénégalais, un forum sur le «terrorisme médiatique», axé sur les interrogations des journalistes et les difficultés du métier, tels que: Comment les médias devraient-ils agir face au terrorisme? La couverture médiatique des attentats terroristes sert-elle l’opinion publique ou les terroristes? Comment les médias peuvent-ils décider de couvrir ou non tel attentat? Quand faudrait-il faire la sourde oreille? Et si couverture oblige, quel aspect faudrait-il mettre en exergue et quel aspect faudrait-il escamoter? Quand la presse et les médias devraient-ils s’engager à ne pas publier des informations dont la publication pourrait conduire à des résultats désastreux? Les thèmes les plus importants du forum tournaient sur ces différents volets.

Le Sénégal a défini une approche globale de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme, basée sur la bonne gouvernance, le renforcement de la sécurité, les Droits de l’homme, l’emploi des jeunes, l’éradication de la pauvreté et la diffusion d’une pensée modérée.

Volonté et responsabilité du Sénégal

En parallèle avec la recrudescence de la menace terroriste, le Sénégal a mobilisé ses efforts à tous les niveaux en coopération avec ses partenaires internationaux en Afrique, France, États-Unis d’Amérique et Royaume d’Arabie Saoudite, en vue de lutter contre les réseaux terroristes en Afrique. Il a appelé la Mauritanie à mettre en place une large alliance internationale et régionale pour éliminer la violence et le terrorisme, en particulier dans les pays de la région du Sahel. Les deux pays ont convenu, lors de la visite du Président sénégalais en Mauritanie en Février 2020, de prévenir et combattre la criminalité transnationale organisée, notamment le terrorisme et le commerce illégal d’armes.

Dans le cadre de la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme, le Sénégal a organisé à Dakar, les 5 et 6 Décembre 2016, le troisième Forum International pour la Paix et la Sécurité en Afrique. Il a appelé à la nécessité d’efforts internationaux concertés pour déraciner le terrorisme, prévenir les causes de son apparition et faire tarir ses sources de financement. Le Sénégal a présenté un modèle de maintien de la paix et de consolidation de la sécurité lors de la sixième édition du Forum International de Dakar pour la Paix et la Sécurité en Afrique - 2019, qu’il organise chaque année avec la participation de pays ayant de l’expérience en la matière, comme l’Arabie Saoudite, les États-Unis d’Amérique, la France, et en présence des pays africains.

Stratégies internes

De nombreux analystes de la sécurité estiment que le continent africain est devenu l’un des foyers majeurs de l’insécurité dans le monde, car ses conditions géopolitiques favorisent un terrain fertile au terrorisme transcontinental, ce qui a contraint le Sénégal à adopter nombre de plans stratégiques pour circonscrire les zones de troubles. En Décembre 2017, le Sénégal a traduit en justice 30 personnes pour violences, appartenance à un groupe criminel dans le cadre d’une organisation terroriste, blanchiment d’argent et financement du terrorisme. Le Sénégal mobilise toutes ses forces pour protéger la société de la menace terroriste, éliminer les cellules terroristes et prendre les mesures appropriées pour faire face aux risques potentiels de terrorisme.

Le Sénégal est conscient de la grande responsabilité des scholastiques. Aussi, la stratégie interne met-elle l’accent sur la coopération du gouvernement avec les associations islamiques et la Fédération des Imams et des Oulémas pour promouvoir les efforts nationaux dans la lutte contre le terrorisme. Cette stratégie appelle les érudits à renouveler leurs discours pour contrer les idées déviantes de l’outrance, et s’occuper des jeunes en vue d’établir un équilibre intellectuel, psychologique et social parmi les groupes cibles. Le gouvernement a aidé les associations à organiser des conférences et des séminaires qui initient le peuple sénégalais à la menace de l’extrémisme.

L’une des stratégies adoptées par le Sénégal pour lutter contre cette menace imminente est de former les forces de police sénégalaises à travers des sessions de formation soutenues par les États-Unis, grâce à des formateurs américains qui dispensent une formation tactique aux agents de sécurité et aux policiers sénégalais. La participation du Sénégal au programme d’assistance antiterroriste du Département d’État américain remonte à 1985.

Stratégies externes

Face aux groupes terroristes, le Sénégal a adopté des stratégies portant sur les aspects idéologique, développemental et militaire qui ont été bien accueillies par les autres États. Le Sénégal participe également à tous les séminaires et réunions internationaux visant à lutter contre le terrorisme et s’inspire des recommandations émises. Il a récemment participé à une Conférence Internationale à Nouakchott à l’intention des oulémas africains sur le rôle de l’Islam dans le continent noir: «Tolérance et modération face à l’extrémisme et à la violence». La Conférence s’est achevée par la publication d’un communiqué bien argumenté et d’une déclaration historique, exprimant la position des scholastiques et leur vision islamique face à ce défi, qui menace l’unité de la nation et ses intérêts religieux et temporels. La participation des oulémas sénégalais à ce forum a été très positive.

Malgré les défis croissants auxquels l’Afrique est confrontée, le Sénégal a adopté le principe: «Solutions africaines aux problèmes africains», comme le meilleur moyen de faire face aux crises du continent et de tenir compte des spécificités des peuples africains. La prise de conscience précoce par le Sénégal du fait que l’Afrique est devenue un fief pour les organisations armées actives, a contribué au succès de sa stratégie de lutte contre le terrorisme. Le Sénégal a donné l’alerte sur l’activité des cellules d’Al-Qaïda, à travers le continent, et dénoncé le bénéfice que tirent les organisations terroristes du manque de contrôles aux frontières entre les pays africains, de la fragilité des lois et des institutions judiciaires, ainsi que de la faiblesse des forces de sécurité, ce qui leur a permis de déplacer des hommes, des armes et de l’argent, de manipuler la population pauvre et de tirer profit des disparités religieuses et ethniques pour recruter des partisans. Le Sénégal était conscient de ces stratagèmes, ce qui lui a permis de présenter nombre d’initiatives pour soutenir les efforts de lutte contre le terrorisme sur le continent.

Hommage international aux efforts antiterroristes du Sénégal 

La France a salué les efforts du Sénégal pour lutter contre le terrorisme dans la région du Sahel africain. Les premiers éléments de la Force française Serval ont été déployés au Sénégal, premier contributeur à la mission de maintien de la paix au Mali. Lors de la visite du président sénégalais Macky Sall en France le 12 Juillet 2017, le Président Français Emmanuel Macron a salué l’effort sénégalais. La France manifeste toujours sa volonté de renforcer la coopération économique, militaire et sécuritaire avec le Sénégal et continuer à travailler avec la (CEDEAO).

Lors de sa visite au Sénégal, fin Février 2020, le Secrétaire d’État américain Mike Pompeo a affirmé que les États-Unis d’Amérique considèrent le Sénégal comme un allié essentiel dans la lutte contre le terrorisme qui menace les intérêts américains en Afrique.

Les Émirats Arabes Unis apprécient l’action constructive du Sénégal à l’OCI en soutien aux questions de l’Islam et des musulmans, et ses efforts pour faire valoir l’image civilisée de la religion exempte d’extrémisme et de violence. Les Émirats coopèrent avec le Sénégal contre le terrorisme et la violence en Afrique, et contribue au soutien du “Centre de Dakar pour la sécurité et la paix”.