​Ignorer une responsable sportive qui distribue des médailles aux gagnants d'une jeune gymnaste brune debout parmi ses coéquipières attendant sa médaille lors d'une cérémonie d'un événement sportif a été un choc pour la société irlandaise, incitant la fédération locale du jeu à s'excuser, surtout après que le clip ait été diffusé sur les réseaux sociaux, au milieu d'un torrent de sympathie pour la petite fille, considérant ce geste comme un acte discriminatoire et raciste.

Les sociétés occidentales ont récemment été témoins d'une multiplication d'incidents et de manifestations répétées de mépris envers les autres, en raison de leur religion, de leur culture, de leur appartenance raciale et ethnique, et même de leur langue. L'exemple en est, les incidents répétés liés aux musulmans et aux immigrés dans les sociétés occidentales, avec l'escalade de la controverse sur la question de l'immigration clandestine et des réfugiés des zones de conflit du Moyen-Orient. Le 31 juillet 2023 à Stockholm, deux hommes ont brûlé un exemplaire du Coran devant le Parlement suédois, en plus de la crise des caricatures insultant le Prophète Mohammed (que la paix et la prière d'Allah soient sur lui). Ils se retrouvent tous confrontés au dilemme de la reconnaissance de l'autre.

Cet article discute des facteurs et des raisons expliquant le dilemme de la reconnaissance de l'autre et sa menace pour la paix et la sécurité sociétale dans les sociétés occidentales.

Attitude envers les immigrants

Au cours des deux dernières décennies, les capitales européennes et occidentales ont été témoins d'incidents répétés d'attaques contre des personnes et des lieux de culte. Certains mouvements racistes occidentaux considèrent que les immigrés appartiennent à des ethnies et des cultures qui représentent une menace pour l'homogénéité des sociétés occidentales. Dans ce contexte, il convient de noter plusieurs incidents qui mettent en évidence le dilemme de la reconnaissance de l'autre dans les sociétés européennes, et ils peuvent être résumés dans les points suivants:

  1. Profanation et mise à feu de livres sacrés: En avril 2022, le militant d'extrême droite danois Rasmus Paludan a mené une campagne pour brûler le Coran dans les quartiers suédois peuplés de musulmans et d'étrangers. Cet incident n'est pas le premier en Suède à évoquer par Rasmus. En 2019, celui-ci a brûlé un Coran enveloppé dans du bacon, et en novembre 2020, Paludan a été arrêté en France, emprisonné pendant un mois puis expulsé. Cinq autres militants ont été ensuite été arrêtés en Belgique pour avoir tenté de « répandre la haine » après avoir brûlé un Coran à Bruxelles.
  2. Mépris des prophètes et messagers: Le 1er septembre 2020, le magazine satirique français «Charlie Hebdo» a publié des caricatures insultantes du prophète Mohammed (que la paix et la prière soient sur lui), ce qui a déclenché une grande vague de colère et de protestations de la part des musulmans, dans diverses parties du monde.
  3. Mépris des religions et des croyances, en particulier de la religion islamique, puisque l'extrémiste néerlandais Geert Wilders, chef du Parti de la liberté de droite, a publié en 2020 sur Twitter un clip vidéo intitulé « Non à l'islam, non au Ramadan, » qui a également déclenché une vague de colère et de ressentiment dans les sociétés islamiques du monde entier.
  4. Attaques contre des lieux de culte et des personnes: Selon les rapports de la communauté musulmane d'Allemagne et selon les statistiques officielles, environ 124 attaques ont été enregistrées contre des musulmans au cours des trois premiers mois de l'année 2023. Les attaques ont varié entre des attaques verbales et physiques, des messages de menaces, en plus des incendies qui ont visé des mosquées. Plusieurs mosquées avaient reçu des avertissements et des messages de menaces de l'organisation terroriste néo-nazie, qui avait déjà commis des crimes et des attaques contre les musulmans avec des motivations racistes.​


​Le dilemme de la reconnaissance de l'autre

Le dilemme de la reconnaissance de l'autre a reçu une attention croissante de la part de nombreux écrivains, analystes et experts de diverses disciplines et cultures. Certains écrits ont traité ce phénomène comme une expression du conflit croissant entre la civilisation islamique et les civilisations occidentales. Cependant, les incidents cités plus hauts semblent être en grande partie liés au dilemme de l'acceptation de l'autre parmi certains mouvements extrémistes. Il ne s'agit pas d'une perception générale des sociétés européennes à l'égard des musulmans en général, d'autant plus qu'il existe plusieurs tendances occidentales qui s'opposent à de telles campagnes contre les sociétés musulmanes. Par exemple, Fredrik Hollerz, pasteur de l'église suédoise de Råslätt, a exprimé dans une déclaration à l'agence de presse suédoise - alors que l'extrémiste Rasmus Paludan s'apprêtait à prendre la parole sur la place publique pour mobiliser ses partisans pour incendier le Saint Coran, il disait: « Il s'agit d'un appel à la prière, un appel à l'amour et à la tolérance. Nous vivons ici ensemble et nous ne permettrons à personne de rompre cette harmonie entre nous».


Ce discours tolérant indique clairement que le phénomène n'est pas lié à un conflit entre civilisations, comme certains le prétendent, mais qu'il s'explique plutôt à la diversité. La reconnaissance de l'autre est liée à l'idée de coexistence dans une même zone géographique malgré les différences d'appartenance religieuse. Elle est liée au concept de coexistence pacifique et de paix. Cela indique qu'accepter les autres signifie les respecter, comprendre leurs concepts, leurs idées et leurs croyances, et reconnaître leur liberté de pensée et de croyance.

Causes du problème

La crise de la haine et le dilemme de la reconnaissance de l'autre dans les sociétés européennes et occidentales ont récemment suscité de nombreuses controverses sur ses causes. Certains analystes l'ont expliqué avec des visions extrémistes et biaisées basées sur l'idée d'un choc des civilisations, d'autres associent le phénomène aux tentatives de certains mouvements politiques européens extrémistes d'utiliser l'arme de la haine et du rejet de l'autre pour réaliser des objectifs politiques. Les raisons expliquant ce phénomène sont les suivantes:

  1. Le rôle de l'extrême droite: Certains partis et mouvements politiques extrémistes dans les pays occidentaux ont utilisé la carte des immigrants et des réfugiés et ils profitent des campagnes de propagande pour gagner du terrain politique qui renforce leur position électorale. Un exemple en est le parcours politique de l'extrémiste Rasmus Paludan, le mène à créer un parti politique appelé « La Voie Solide » (Stram Kurs) après avoir quitté le Parti social-libéral pour ses tendances extrémistes. Le parti cherche à créer un État occidental et à purger le pays des non-Occidentaux.
  2. La lutte entre les mouvements extrémistes: L'escalade de la polarisation entre les mouvements religieux extrémistes et les mouvements racistes contribue à alimenter les sentiments d'hostilité, de haine et de rejet de l'autre. Contrairement aux organisations extrémistes qui exploitent la propagation de l'islamophobie dans de nombreuses sociétés occidentales pour renforcer leur discours sur le rejet de l'autre, des tendances racistes extrémistes sont actives et appellent à l'expulsion des immigrants, en particulier des musulmans, profitant de certains incidents terroristes perpétrés par des groupes extrémistes. Le rapport de l'agence Swedish Defence Research, publié en 2023, a mis en évidence la théorie de la « pureté raciale » pour que la génération adolescente mène des opérations terroristes intérieures et qu'il y a environ 19 théories racistes violentes basées sur les groupes de justification intellectuelle de la violence.
  3. Abus de la liberté d'expression: Certains mouvements extrémistes ont souvent justifié leurs campagnes contre les immigrés musulmans par la liberté d'expression, ce qui indique que ces mouvements confondent délibérément liberté de croyance et liberté d'expression pour justifier leurs actions et leurs opérations qui visent à servir son agenda et ses intérêts politiques au détriment de la coexistence et de l'intégration entre les différents groupes et affiliations dans la société européenne.​


Menace pour la paix et la sécurité
 

Le dilemme de la reconnaissance et de l'acceptation de l'autre représente une menace majeure pour l'intégration et la coexistence sociale et nationale dans les sociétés européennes et occidentales. Certains des risques associés à la croissance de ce phénomène peuvent être mentionnés comme suit:

  1. La crise de la citoyenneté et du sentiment d'appartenance, annonçant la croissance des taux de crimes de haine dans les sociétés occidentales, où le dilemme de la reconnaissance et de l'acceptation de l'autre soulève une crise d'aliénation et de faible loyauté nationale due aux sentiments de peur et d'insécurité d'une manière qui renforce un climat d'hostilité et d'intolérance, ainsi qu'une volonté d'accepter ou de justifier la discrimination et la violence. Cela met en danger les valeurs démocratiques occidentales et mène à la multiplication des attaques au couteau et des meurtres alimentés par des motivations de vengeance, d'une manière qui entrave la construction d'une société démocratique et la consolidation de sa stabilité.
  2. L'escalade de la crise d'intégration et de coexistence entre les groupes: les immigrés représentent un pourcentage important de la population dans les sociétés européennes, et beaucoup d'entre eux possèdent la nationalité de ces sociétés, et il est difficile de les marginaliser ou de les isoler. Par conséquent, la mobilisation continue de certains mouvements extrémistes en faveur de l'expulsion ou de l'exclusion des migrants constituent une menace majeure pour la stabilité de ces sociétés. Il en est de même lorsque leurs croyances et leur caractère sacré sont méprisés, comme cela est clairement apparu à travers l'escalade des protestations dénonçant l'incendie du Saint Coran, ou les caricatures insultantes du prophète Mohammed qui a entraîné la mort et des centaines de blessés, menaçant la paix et l'intégration nationale au sein de ces sociétés.
  3. L' propagation de la violence et du terrorisme: l'ignorance de certains gouvernements du danger de l'accroissement de la violence des mouvements racistes extrémistes peut conduire ces groupes marginalisés en raison à rejoindre les rangs des organisations terroristes, et il ne fait aucun doute que les organisations terroristes profitent de ce contexte pour recruter davantage de personnes, exclues en raison des défis liés à la difficulté de coexistence dans certaines zones ciblées par des mouvements racistes extrémistes.
  4. Entrave aux efforts de lutte contre le terrorisme: les comportements racistes permettent l'émergence de nouvelles vagues et générations de violence et de terrorisme dans les sociétés occidentales, ce qui impose de nouveaux défis aux services de sécurité et aux institutions religieuses, qui ont peut-être fait de grands progrès dans le renouvellement du discours religieux et la maîtrise de l'extrémisme dans leurs sociétés, pour se retrouver à nouveau confrontée à ce phénomène.

Conclusion
Le dilemme de non-acceptation de l'autre semble être la plus grande menace qui pèse sur la stabilité des sociétés européennes, notamment sur les pratiques associées au mépris de la religion, parce que le dilemme de la reconnaissance de l'autre offre un environnement idéal aux organisations terroristes pour attirer des groupes marginalisés et permet à ces organisations de mener des opérations de recrutement et de propagande et de mener des opérations terroristes dans les sociétés européennes. Il est donc urgent de revoir les politiques et les lois antiterroristes, à condition que cette révision comprenne l'adoption de lois qui criminalisent le mépris d'autrui sur la base de la religion, de la race ou des convictions.​