Le Mouvement Impérial Russe (MIR) est une organisation d’extrême droite aryenne qui croit en la suprématie de la race blanche. Fondé par Stanislav Anatolyevich Vorobyev en 2002 à Saint-Pétersbourg, en Russie, le mouvement promeut l’ethno-nationalisme russe, appelle à la restauration du régime tsariste en Russie et cherche à attiser l’extrémisme prônant la suprématie aryenne en Occident. Il entretient des liens avec des groupes néonazis et des aryens blancs en Europe et aux États-Unis.

Caractéristiques générales
En plus de ses convictions ultra-nationalistes, le mouvement est connu pour ses positions antisémites et contre les minorités et les immigrés. Depuis sa fondation, il a fourni de la formation militaire à ses membres russes et aux membres d’organisations d’autres pays aux vues similaires, dans ses installations à Saint-Pétersbourg. Des membres de l’aile militaire du mouvement, dite Légion impériale, ont combattu aux côtés des séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine et participé aux conflits militaires en Syrie et en Libye. 

Dans ses premières années, le mouvement n’a pas beaucoup attiré l’attention de la communauté internationale car ses opérations se concentraient sur l’intérieur russe. Il n’est apparu sur la scène internationale qu’en 2014, lorsqu’il a commencé à soutenir et former les séparatistes en Ukraine pour combattre les forces gouvernementales ukrainiennes, et a mis sa branche armée “Légion impériale” au service des combattants russes. Puis il a attiré plus d’attention en 2015, lorsqu’il a commencé à tisser des liens avec d’autres groupes aryens en Europe et en Amérique.

En avril 2020, le département d’État américain a inclus le mouvement «MIR» parmi les organisations terroristes mondiales, première désignation d’un groupe d’extrême droite comme entité terroriste, ce qui montre l’inquiétude croissante suscitée par la violence de ces groupes en Occident. Cette désignation est susceptible d’entraver l’activité expansionniste du mouvement et ses efforts de mobilisation des extrémistes étrangers.

Idéologie et objectifs
Le mouvement se décrit comme mouvement monarchique orthodoxe russe, dont la doctrine se base sur un credo nationaliste aryen, raciste, extrémiste, antisémite et pro-russe qui croit en la suprématie de la race blanche. Il adopte des slogans hostiles aux gays, bisexuels et transgenres. Il glorifie les institutions de la monarchie et de l’Église orthodoxe russes, et considère que la monarchie dispose du pouvoir politique et l’Église du pouvoir spirituel.

Le mouvement s’oppose au régime actuel du président russe Vladimir Poutine, appelle à la renaissance du grand empire russe d’avant 1917 et incite l’État russe à occuper toutes les terres habitées par l’ethnie russe. Pour aider à réaliser cet objectif, il a envoyé ses éléments armés rejoindre les séparatistes pro-russes dans les combats en Ukraine.

Contexte des opérations de mouvement
Entre 2014 et 2016, le mouvement a étendu son influence en Ukraine et mobilisé ses ressources pour soutenir la partie russe dans le conflit dans ce pays. L’année 2014 a été le véritable tournant pour le mouvement depuis le déclenchement du conflit dans l’est de l’Ukraine, entre le gouvernement et les séparatistes pro-russes. Ces développements ont déstabilisé les relations entre les groupes russes d’extrême droite et incité le mouvement impérialiste à porter son attention au-delà de la politique intérieure russe. Le leader du mouvement “Vorobyev” a déclaré que la plus grande menace pour la nation russe est la stabilité des régimes qui lui sont hostiles dans toutes les terres habitées par la race russe.

Après l’annexion de la Crimée par la Russie en février 2014, le chef du mouvement s’est rendu avec trois autres membres en Crimée à bord d’un avion transportant des éléments de l’armée russe, où ils ont pu former des membres. Le mouvement a rejoint le bloc nationaliste des partis politiques russes de droite, dont le parti ultranationaliste Rodina, et organisé une grande manifestation à Moscou en soutien aux Russes résidant en Ukraine. Les développements du début de 2014 ont insufflé un nouveau souffle à la branche moscovite du mouvement.

Formation au combat 
Le mouvement qui avait commencé à combattre aux côtés des séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine en 2014,  y a envoyé au moins 300 combattants. Certains experts ont affirmé que les services de renseignement russes étaient au courant des activités du mouvement et un rapport publié par le Centre Soufan a conclu que l’aile militaire du mouvement, la Légion impériale, a envoyé des combattants en Syrie, Libye et Centrafrique.

Avec l’expansion de l’activité du mouvement, les racistes blancs avaient leur propre théâtre en Ukraine pour apprendre à se battre et recevoir de la formation. Des informations récentes indiquent qu’environ 17.000 étrangers de plus de 50 pays, dont les États-Unis, sont allés combattre en Ukraine. Le mouvement a réussi au fil des ans à convaincre les étrangers blancs suprématistes de différents pays de visiter ses camps à Saint-Pétersbourg pour s’entraîner au combat. Les capacités et l’intention du groupe à mener des activités terroristes en faisaient une menace très réelle.

Activités politiques
En avril 2012, le mouvement a participé à la création d’un parti appelé «Parti nationaliste» lié à l’Association politique ethnique panrusse (REPA), rivale de la Plate-forme russe. Ce parti a choisi le drapeau impérial russe comme symbole. Contrairement à la nouvelle force, le Parti nationaliste était considéré comme une «grande maison» pour faire appel aux doctrines des organisations composant la REPA, dont les néo-nazis, les nationalistes modérés et le public de MIR parmi les monarchistes et les nationalistes orthodoxes.

Dans une première tentative d’influencer la politique électorale locale en 2012, le MIR a rejoint les organisations nationalistes russes d’extrême droite, après que le président russe de l’époque, Dimitri Medvedev, a autorisé l’enregistrement de nouveaux partis politiques. Immédiatement, le MIR et de nombreuses organisations membres du programme russe ont créé la «Nouvelle Force», un bloc de mouvements nationalistes de droite dirigé par le «Parti Rodina».

Bien que le manifeste du parti proclame le respect de l’égalité, des valeurs libérales et démocratiques, il propose en même temps des dispositions racistes extrêmes comme de restreindre l’immigration aux personnes d’origine russe et de détenir les immigrés illégaux dans des camps avant de les expulser. Contrairement aux néo-nazis, le parti a tenté de gagner l’approbation et le soutien des nationalistes modérés.

Extension externe
Le MIR a cherché à être à l’avant-garde des mouvements qui croyaient à la suprématie blanche dans les années qui ont suivi le lancement de ses activités en Ukraine, mais suite aux pressions du gouvernement russe sur les organisations nationalistes de droite entre 2014 et 2015, certains mouvements ont commencé à chercher refuge à l’étranger, à part ceux liés au parti d’extrême droite Rodina.

Dans une initiative connue sous le nom de «Dernière Croisade», le mouvement MIR a élargi ses contacts avec les groupes suprématistes blancs aux États-Unis et en Europe. Ainsi, en mars 2015, le mouvement a participé au Forum international russe des conservateurs, une conférence raciste aryenne sur la suprématie blanche, tenue à Saint-Pétersbourg et organisée par le parti politique russe d’extrême droite Rodina.

Des dirigeants bien connus aux États-Unis, tels que Jared Taylor et des organisations européennes d’extrême droite, dont Aube Dorée (de Grèce), le Parti national démocrate (d’Allemagne) et Forza Nuova (d’Italie) étaient présents. En septembre 2015, le leader du Mouvement MIR “Vorobiev” s’est rendu en Suède pour rencontrer le Mouvement de résistance du Nord (MNR), un groupe néo-nazi actif dans tous les pays scandinaves.

Historique du mouvement
  • De juin 2014 à janvier 2016 : Le mouvement a formé et préparé des combattants étrangers pour la guerre dans l’est de l’Ukraine, où des membres de la Légion impériale du groupe ont combattu aux côtés de séparatistes pro-russes.
  • Novembre 2016, Viktor Melin, membre du Mouvement de résistance nordique (MNR) qui a été formé par le mouvement au stage paramilitaire de «Partizan» en août 2016, commet un attentat à la bombe contre une librairie à Göteborg, en Suède. Cette attaque a été citée par le Département d’État américain en tant que raison supplémentaire pour désigner le mouvement comme un groupe terroriste.
  • Le 5 janvier 2017, Viktor Melin attaque une résidence pour réfugiés à Götenborg, en Suède.
  • Le 25 janvier 2017, Viktor Milen et Anton Thulin, qui avaient tous deux une formation militaire dans les rangs du mouvement, ont tenté de piéger un camp de demandeurs d’asile à Göteborg, en Suède.
  • En avril 2019, des chercheurs ont confirmé la présence de combattants du mouvement MIR en Syrie, depuis avril 2019. Bien que les dates exactes ne soient pas connues, le mouvement annonce que le but de sa campagne et de sa présence en Syrie est de protéger les chrétiens du pays.
  • En janvier 2020, le mouvement a reconnu la mort de deux de ses soldats participant à la guerre en Libye. Les analystes pensent que les soldats de la Légion impériale combattent aux côtés de l’armée nationale libyenne soutenue par la Russie.

Laisser-aller russe 
Les analystes notent que les activités du mouvement MIR font avancer les objectifs de Moscou dans deux principaux domaines: soutenir les séparatistes pro-russes en Ukraine et alimenter l’extrémisme suprématiste blanc en Europe et aux États-Unis. Ce dernier objectif sape la démocratie libérale occidentale, objectif clé du Kremlin.

La Russie a soutenu de nombreux groupes d’extrême droite en Europe, y compris les ultra-nationalistes en Slovaquie, Hongrie, Monténégro et Bosnie. Il s’agit d’une stratégie du Kremlin visant à semer la discorde et l’instabilité en Europe. Le MIR a également soutenu les néonazis pro-russes en Scandinavie.

Le Kremlin a fait preuve de beaucoup de clémence envers le mouvement, tant que ses activités sont conformes aux intérêts de la Russie aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’étranger. Cependant, il n’y a aucune preuve matérielle que le Kremlin soutienne officiellement le mouvement. L’ancien responsable du département américain de la Défense, Michael Carpenter, a décrit la relation de Moscou avec le MIR comme étant une sorte de «coexistence hostile».

Le mouvement s’est opposé au régime du président russe Vladimir Poutine avant la guerre en Ukraine, ce qui a conduit les services de renseignement à perquisitionner ses centres mais ces raids ont disparu lorsque le mouvement a accru ses activités en Ukraine et dans d’autres pays d’intérêt pour la Russie. 

La Russie classe le mouvement comme un groupe extrémiste, et le ministère russe de la Justice classe son site Web et bon nombre de ses publications comme matériel extrémiste depuis 2012. Moscou a protesté auprès du département d’État américain lorsqu’il a ajouté le mouvement à la liste des mouvements terroristes mondiaux, et le bureau du procureur général russe a insisté sur le fait que les activités du mouvement se limitent aux fêtes religieuses orthodoxes russes.

Les pages du mouvement sur les plateformes de médias sociaux (Facebook, Twitter et Instagram) ont été fermées après que les États-Unis ont désigné le MIR comme groupe terroriste. L’agence russe de surveillance et de censure a bloqué le site officiel du mouvement, mais ses comptes sont toujours actifs sur les plateformes VKontakte et Telegram.

En 2017, le MIR a comparu lors d’un procès en Suède de trois hommes accusés d’avoir planifié des attentats à la bombe contre des demandeurs d’asile.

Reconnaître le danger des mouvements aryens est une étape politique sans précédent dans les efforts américains de lutte contre la suprématie violente des Blancs à travers les frontières. Maintenant que le mouvement est classifié, les forces de l’ordre américaines, les services de renseignement et les agences financières peuvent s’appuyer sur un large éventail de moyens juridiques pour lutter contre la menace de ces groupes et partager des renseignements avec les alliés des États-Unis à l’étranger, facilitant ainsi la tâche de la guerre contre le terrorisme international.

Les craintes grandissent depuis des années quant à l’existence d’un mouvement transnational de suprématie aryenne, ou d’un mouvement alternatif de droite, comme en témoigne la diffusion en direct sur Facebook d’un Australien qui a ouvert le feu en 2019 sur deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, et tué 51 fidèles civils.

La lutte contre le terrorisme intérieur, dont le nationalisme blanc violent, est devenue une priorité pour le FBI. Les autorités fédérales et locales ont procédé à une vague d’arrestations ces derniers mois, ciblant les membres de deux groupes néonazis appelés Atomwaffen Division et The Base. Le FBI est toujours à la recherche de tout lien entre le leader du mouvement et les services de sécurité ou de renseignement officiels du gouvernement russe.

Il y a vingt ans, les États-Unis sous-estimaient la menace croissante du terrorisme religieux, et les gouvernements américains successifs ont vu s’accumuler dans les années 1990 les signaux d’alarme concernant la menace d’Al-Qaïda. C’est pourquoi les gouvernements se précipitent maintenant pour affronter les groupes aryens locaux ou multinationaux avant que la situation n’empire.