​​Les armes légères et de petit calibre peu coûteuses et accessibles sont devenues les armes de prédilection de nombreux groupes terroristes dans le monde, pour leur potentiel à menacer la paix et la sécurité internationales. La situation empire à cause des velléités internationales face au commerce illicite des armes légères et de petit calibre, en plus des défis auxquels les États sont confrontés pour les détecter et s’en saisir, sans compter les frontières poreuses permettant aux terroristes et aux criminels de transférer les armes illicites.

Les attaques bélier et les poignardages sont devenus certes les armes prisées et peu coûteuses des organisations terroristes soucieuses de confirmer leur présence et de continuer à terroriser les gens, à travers les loups solitaires et les cellules dormantes disséminées dans le monde. Le lien entre le terrorisme et le crime organisé, par le biais du commerce illicite d’armes légères, se renforce et les attaques terroristes bon marché affectent les marchés économiques, nuisent au développement durable et menacent l’État de droit.

Plans et Stratégies

Les organisations terroristes ont eu recours à des opérations à faible coût, après les efforts internationaux concertés de lutte contre le terrorisme et son financement, qui ont fait perdre à ces organisations leurs ressources financières et leurs capacités logistiques, et les ont amenées à modifier le schéma des actes terroristes et adopter des stratégies de terrorisme bon marché permettant d’obtenir plein d’avantages pour des coûts modiques de quelques centaines de dollars, dépassant de peu le coût de location de véhicules, de logement et d’alimentation des militants pendant quelques semaines.

Ces attentats bon marché, à répétition, parfois complexes et structurées et aux pertes humaines minimes sèment toutefois la terreur parmi les populations, épuisent économiquement les États, et accablent les services de sécurité et de renseignement. Les organisations terroristes sont conscientes que les mesures internationales traditionnelles en vigueur pour lutter contre le financement du terrorisme ne peuvent pas perturber ce type de terrorisme à petit budget, grâce à la planification d’attentats terroristes usant de modèles complètement différents et difficiles à détecter, comme les prêts estudiantins frauduleux dans les universités, etc.

Moyens et Outils

Divers efforts ont été déployés pour faire la distinction entre les groupes terroristes et leurs types d’activités, mais il est important de garder à l’esprit qu’il existe de nombreux types de groupes terroristes qu’une seule catégorie ne peut pas inclure. Le problème ne se limite pas à la diversité de leurs objectifs, croyances, membres et ressources uniquement, mais les contextes politiques de leurs actions varient également. Voici dans ce qui suit, les méthodes les plus importantes d’attaques à faible coût des divers groupes terroristes.

1) Attentat à la voiture-bélier

L’un des modèles utilisés par l’État islamique (Daech), difficile à combattre malgré les strictes mesures de sécurité et la traque des cellules terroristes. Ce type d’attaques est un message que personne n’est épargnée. Cette méthode confirme le succès de la propagande numérique (via les sites Web et les réseaux) de l’organisation terroriste Daech, adressant ses directives sur les moyens de commettre des massacres violents à l’aide de voitures. Les attaques bélier se poursuivent en Europe dont la dernière en date commise dans la ville espagnole de Barcelone a fait 14 morts et des dizaines de blessés.

2) Poignardage

Les loups solitaires préfèrent utiliser le couteau en conformité avec l’idéologie de Daech. On rapporte que les premiers à avoir tranché les cous au couteau étaient les combattants Tchétchènes sévissant contre les soldats russes, et qui ont filmé leurs actes et les ont enregistrés sur des bandes magnétiques et diffusés! Ces organisations ont même posé des règles et des principes pour l’utilisation d’outils et de couteaux tranchants, montrant la meilleure façon de les utiliser, les endroits les plus sensibles, ainsi que les meilleurs types de couteaux et leurs spécifications. En guise d’exemples de ces attaques l’opération où 83 agents de la sécurité jordanienne ont été blessés, après avoir été attaqués avec des outils tranchants, par des membres du soi-disant mouvement salafiste djihadiste.

3) Incendie criminel

Comprendre la menace du recours aux incendies en tant qu’arme et leurs implications est essentiel pour la sécurité intérieure, car cela nécessite des stratégies et des partenariats pour faire face à ce danger émergent. Il semble que la pyromanie soit une arme séduisante pour les terroristes pour nombre de raisons, dont notamment le fait que cela ne nécessite pratiquement aucune formation et que le feu et la fumée associés pourraient fragiliser les défenses militaires. De même, les images du feu retiennent l’attention des gens du monde entier, augmentent le suivi médiatique et créent des défis uniques, contrairement aux dangers habituels.

4) Terrorisme numérique

La plupart des groupes terroristes ont réussi à acquérir les connaissances et les outils techniques nécessaires pour infiltrer le monde virtuel et accroître le nombre de sites Web faisant la promotion de leurs idéologies et de leurs objectifs au moindre coût. Le Web peu coûteux permet aux organisations de diffuser leurs informations, propager leur propagande, et communiquer avec leurs membres, de même que cela leur facilite la constitution de groupes, réduit le coût de recrutement des membres et incite à la participation. Le flux d’informations accessibles à tous est difficile à contrôler, sans compter la capacité de ces groupes à contourner la surveillance sécuritaire et à créer facilement d’autres sites et d’autres comptes.

Le lien entre l’Internet et le terrorisme est apparu clairement récemment, en particulier lorsque l’organisation Daech a réussi à recruter un grand nombre de volontaires de divers pays du monde. La confrontation avec le terrorisme et les terroristes est passée d’une confrontation physique directe à une confrontation virtuelle et spectrale, et les guerres matérielles se sont transformées en guerres numériques, dont l’Internet utilisé à mauvais escient et avec des intentions malveillantes est l’arme la plus meurtrière et la plus destructrice. Le Cyberterrorisme peut être classé comme un type de Cybercriminalité s’il est utilisé à des fins terroristes. Le terrorisme numérique utilise les capacités techniques modernes et les réseaux d’information pour terroriser les autres et leur nuire. La propagation du virus informatique «Je t’aime» (I love you) a détruit des informations évaluées à environ dix milliards de dollars américains et le virus «Blaster» a fait des ravages dans un demi-million d’ordinateurs. Dans la Convention internationale contre la cybercriminalité, le Conseil de l’Europe a estimé le coût de la réparation des dommages causés par les virus informatiques à environ 12 milliards de dollars par an.

5) Drones

Le coût des «drones» est relativement faible et leur utilisation ne demande pas beaucoup de formation, ils peuvent ne pas apparaitre sur les radars et garder l’anonymat, ce qui aide leurs utilisateurs à se soustraire de leurs responsabilités envers les autres, et en fait une marchandise très prisée pour ceux qui souhaitent imposer leur volonté au moindre coût et éviter les conflits ouverts aux coûts exorbitants, financièrement et humainement. Les organisations terroristes ont commencé à utiliser des drones, car ils sont bon marché et disponibles sur le marché pour des usages légitimes, pouvant se muer en actes hostiles.

L’acharnement des groupes armés illégaux à améliorer les capacités des drones indique que dans un proche avenir, les risques associés à leur utilisation à des fins terroristes dans le monde pourraient augmenter. L’utilisation de ces avions n’est plus limitée aux seules armées et divers groupes ont acquis des drones bon marché, de différentes tailles et pour diverses fins, et certains les ont armés. L’État islamique (Daech) a utilisé ces appareils sur les champs de bataille en Irak et en Syrie, et le groupe terroriste Houthi utilise des drones sophistiqué pour attaquer la Coalition arabe pour la légitimité au Yémen.

6) Terrorisme sportif

Le terrorisme a toujours été un moyen pour les groupes extrémistes d’attirer l’attention des publics locaux, des gouvernements et du monde entier sur leur cause. L’acte terroriste n’est pas une fin en soi et ce qui importe ce sont les réactions qu’il engendre. Cette logique a fait des événements sportifs des cibles privilégiées du terrorisme. Le terrorisme sportif sème la panique parmi des milliers de spectateurs, ce qui fait l’affaire du terrorisme. Il provoque la panique à grande échelle et vise à susciter une réaction exagérée de la société et du gouvernement, objectif souvent atteint.

7) Terrorisme hydraulique

L’importance de l’eau douce et de l’eau d’irrigation est cruciale pour la santé humaine et l’écosystème et pour le bon fonctionnement de l’économie commerciale et industrielle, ce qui fait des réseaux d’adduction d’eau des cibles du terrorisme. Les chances des terroristes de frapper ces réseaux sont réelles. Or, ces cibles ne bénéficient d’aucune immunité pour se protéger du ciblage.

Il existe en fait une longue histoire de telles attaques qui visent directement les infrastructures hydrauliques et polluent l’eau en introduisant des substances toxiques ou des agents pathogènes, pour les rendre inutilisables. Ces pratiques causent de graves dommages aux personnes, au bétail et aux plantes. Toutefois, il existe une grande ambiguïté quant à l’importance de ces menaces aujourd’hui, par rapport à d’autres cibles susceptibles de faire l’objet d’attaques terroristes, ou à l’efficacité de ces attaques dans la réalité. Les analyses historiques et les preuves indiquent qu’il est difficile de générer de lourdes pertes dues aux attaques hydrauliques, bien que les exceptions soient possibles.

8) Terrorisme chimique

Le terrorisme chimique semble être l’option la plus importante de toutes les armes de destruction massive utilisées par les terroristes, pour de nombreuses raisons, dont notamment le fait que les agents chimiques sont relativement bon marché, disponibles (ils peuvent être subtilisés ou fabriqués), et peuvent être facilement transportés et utilisés. De même, les informations de base et les instructions sur la préparation d’agents chimiques sont à portée de mains sur Internet.

À titre d’exemples de ce type de terrorisme, la grande attaque terroriste chimique au gaz neurotoxique (Sarin) commise par la secte japonaise (Aum Shinrikyo) dans le métro de Tokyo en 1995, ayant tué 13 personnes et blessé plus de 6000 autres. Le nombre de victimes n’était pas très élevé parce que le gaz sarin utilisé dans cet attentat était dilué et s’il était plus dense, il aurait coûté la vie à des milliers de personnes. Le terrorisme chimique peut avoir un impact très important et user de produits chimiques introduits dans les systèmes de ventilation et de climatisation, les métros souterrains, les aéroports, les centres commerciaux et les autres bâtiments.