Le détroit de Bab al-Mandab est l'une des voies navigables les plus importantes au monde. C'est un point focal entre les continents d'Asie, d'Afrique et d'Europe. Il représente environ 12% de la navigation mondiale. Quelques 25000 navires y transitent chaque année, pour la plupart des pétroliers géants et des cargos commerciaux qui relient l'Est à l'Ouest, ce qui a suscité les convoitises de nombreux groupes terroristes qui ont profité des tensions ambiantes dans les pays voisins pour menacer la sécurité du détroit et l'exploiter pour financer leurs crimes. Cette conjoncture a conduit à la mobilisation des puissances régionales et internationales pour affronter ces groupes et préserver leurs intérêts commerciaux et économiques.

Terrorisme maritime

Le mouvement du commerce mondial à travers les mers s'est accru, de même que le terrorisme maritime mettant en péril le détroit de Bab al-Mandeb, ce qui constitue une menace nationale pour les pays bordant la mer Rouge, tels que le Royaume d'Arabie saoudite, l'Égypte, le Soudan, le Yémen, la Jordanie, Djibouti, la Palestine et l'Érythrée. Les terroristes recourent à la piraterie, s'emparent des navires par la force et exigent de grosses rançons pour libérer ces navires et leurs équipages. Ils menacent la navigation en attaquant les embarcations avec des missiles, des drones, des bateaux piégés et des mines marines. Le crime de terrorisme est ainsi similaire à plusieurs autres crimes, dont notamment le crime de piraterie maritime, dont les répercussions et les moyens de mise en œuvre dépassent tous les actes criminels commis dans les eaux internationales, surtout si ces crimes sont commis dans un détroit stratégique et une voie navigable aussi importante que Bab al-Mandeb.

  Il y a une relation directe entre l'offensive menée par la coalition internationale contre les groupes terroristes sur terre et le transfert de ces groupes de leurs combats vers les voies maritimes stratégiques et sûres qui représentent les artères du commerce mondial, par lesquelles passent environ les deux tiers de la production mondiale de pétrole et 90 % du commerce mondial, en particulier via le détroit de Bab al-Mandeb. Aussi, la perturbation de la navigation dans le détroit augmente-t-elle les effets négatifs sur la stabilité et la sécurité internationales ainsi que sur l'économie internationale, car ces phénomènes affectent le transport maritime international, portant atteinte à toutes les économies du monde.

Recrudescence du terrorisme

À la lumière de l'escalade des opérations terroristes dans les voies navigables stratégiques au niveau international, les risques qui menacent la sécurité de la navigation dans le détroit de Bab al-Mandeb, s'accentuent sans cesse. L'établissement d'une alliance entre les groupes terroristes des deux côtés du détroit représente un terrible défi sécuritaire pour la communauté internationale en général. Les côtes yéménites et somaliennes bordant le détroit stratégique ont été le théâtre d'actes terroristes massifs, notamment l'attaque à la bombe par Al-Qaïda contre le destroyer américain Cole en 2000 et le ciblage d'un pétrolier français dans le Golfe d'Aden, au sud de Bab al-Mandeb.

Les enquêtes menées ces dernières années ont révélé le passage de combattants étrangers de Boko Haram, du mouvement somalien Al-Shabaab, d'Al-Qaïda et de Daech à travers le détroit de Bab al-Mandeb et la Mer Rouge sous de fausses identités, en plus du mouvement très risqué intensif et régulier de migrants africains, utilisant des embarcations en mer. Des groupes terroristes ont commencé à mener des opérations de contrebande à travers le détroit, alors que des quantités d'armes, de drones, de missiles, d'équipements militaires, d'argent et de combattants ont été introduites clandestinement en coopération avec un réseau de passeurs en plusieurs étapes, en parallèle avec l'accélération des conflits politiques et militaires dans les pays riverains de la Mer Rouge, comme la Somalie, le Yémen, le Soudan, Djibouti et l'Érythrée.

Situations instables

La piraterie marine a considérablement augmenté au cours des dernières décennies, et les conditions instables dans les pays de la Corne de l'Afrique demeurent l'une des principales raisons conduisant à l'augmentation de la fréquence de ces actes qui menacent la sécurité des navigateurs et des navires, sèment la panique et usurpent les biens privés et publics. De plus, certaines opérations de piraterie ont des objectifs politiques que les pirates cherchent à atteindre. C'est ce qui a incité les compagnies maritimes à prendre des mesures de précaution, notamment en augmentant la charge financière supplémentaire de l'assurance pour les navires et les particuliers, ainsi que les pertes potentielles liées aux détournements de navires et à la négociation de lourdes rançons pour leur libération.

Le danger de la piraterie maritime dans le détroit de Bab al-Mandeb réside dans l'émergence d'une alliance entre les gangs et les groupes terroristes. Des rapports indiquent que le mouvement al-Shabaab, affilié à Al-Qaïda en Somalie, obtient environ 20 à 25 % des parts de marché réalisés par les pirates somaliens, en échange de la liberté d'opérer près des côtes somaliennes. En raison de l'expansion des activités de piraterie dans cette région, le Conseil de sécurité de l'ONU a publié plusieurs résolutions importantes au cours des deux dernières décennies, notamment la résolution 1816, dans laquelle il appelle divers pays à envoyer des forces navales dans les eaux adjacentes à la côte somalienne et ses extensions dans l'océan Indien occidental pour faire face à ces crimes.

Répercussions négatives

Assurer la sécurité de la navigation maritime dans le détroit de Bab al-Mandeb est devenu une grande préoccupation régionale et internationale. Le détroit, qui se situe entre la Péninsule Arabique et la Corne de l'Afrique, est devenu une source de conflits et de rivalité et un point de départ pour la piraterie, la traite d'humains et le terrorisme.

De nombreux navires de diverses nationalités dont des pétroliers de la Saudi Aramco ont subi des attaques et des menaces croissantes au cours des dernières années. Les pays riverains de la mer Rouge, comme la Somalie et le Yémen, sont devenus un refuge pour les pirates et les organisations terroristes, comme le groupe Houthi, Al-Qaïda et al-Shabaab.

La recrudescence de ces crimes accroît les effets négatifs et les répercussions dangereuses sur la paix et la sécurité internationales, compte tenu de l'ampleur des dommages causés au commerce mondial du pétrole, le détroit contrôlant l'accès à plusieurs stations et oléoducs pétroliers, dont le pipeline SUMED, or tout blocage risque de détourner ce commerce vers la pointe sud de l'Afrique, augmentant ainsi le temps et les coûts de transit, en plus d'obstruer les flux de pétrole vers l'Europe et les marchés asiatiques via le canal de Suez et Bab el-Mandeb.

Les (scénarios) de fermeture ouvrent donc la porte à de nombreuses spéculations sur un changement du cours du commerce international et du transport maritime, affaiblissant économiquement les pays de la région et transformant la Mer Rouge en une région de conflits et d'interventions régionales et internationales. Tout cela va conduire à l'internationalisation du problème, la perte de souveraineté et des richesse des pays riverains, en plus de la hausse record des prix mondiaux de l'énergie, de la destruction de l'économie européenne et mondiale, et de la création d'un environnement propice à la croissance de groupes et de factions terroristes dans plusieurs régions, notamment la Péninsule Arabique et la Corne d'Afrique.

Efforts louables

La région de la Mer Rouge et de Bab el-Mandeb a connu des complications croissantes ces dernières années, incitant les organisations internationales compétentes à y prendre une série de décisions pour lutter contre la piraterie et les crimes terroristes. Le Conseil de sécurité de l'ONU a publié plusieurs résolutions importantes, notamment : les résolutions (1816), (1838), (1844), (1851), (1918) et (2442) fournissant aux différents Etats des outils pour faire face à ces crimes.

Malgré l'importance de ces décisions visant à saper et à combattre la piraterie et les actes terroristes, l'idée d'une préparation militaire à toute menace potentielle n'a pas été perdue, comme la formation, la qualification des soldats et la création de blocs militaires internationaux.

En raison de l'importance géostratégique du détroit de Bab al-Mandeb, les efforts déployés au niveau régional ou international ne se sont pas arrêtés là, puisque les pays riverains ont convenu d'adopter l'initiative du Royaume d'Arabie Saoudite pour créer le Conseil des États de la Mer Rouge et le Golfe d'Aden avec pour membres (Royaume d'Arabie saoudite, Soudan, Égypte, Yémen, Jordanie, Djibouti, Somalie et Érythrée). Le bloc annoncé en décembre 2018 avait pour but de garantir la sécurité et la coopération économique, préserver les ressources hydrauliques, coordonner les positions politiques dans les forums régionaux et internationaux et protéger le commerce mondial et le transport maritime international.

Visions futures

L'importance de Bab al-Mandeb en tant que voie navigable impose aux pays riverains de nombreuses formes de coopération qui visent à atteindre les intérêts communs d'une part, et la sécurité régionale et mondiale d'autre part. Dans ce contexte, les éléments suivants peuvent être suggérés:

  • Surveiller les mouvements des groupes terroristes actifs dans le détroit et neutraliser la contrebande d'armes, les mouvements de combattants et les actes de piraterie sous toutes leurs formes et méthodes.
  • Soutenir la stabilité politique, économique et sécuritaire dans les pays riverains de Bab al-Mandeb et de la mer Rouge, et soutenir leurs gouvernements légitimes.
  • Continuer à renforcer les capacités sécuritaires des frontières maritimes des pays riverains pour repousser toute action susceptible d'affecter la sécurité de la navigation à l'avenir et accroître les capacités de combat des soldats.
  • Identifier les lacunes dans la lutte contre le terrorisme, éliminer dans les villes et ports donnant sur la mer Rouge les groupes terroristes ciblant en permanence la navigation.​