L'organisation de l'Armée rouge allemande, ou « Bande de Baader-Meinhof », est née des groupes de protestation populaires apparus en République Fédérale d'Allemagne (RFA) à la fin des années soixante du siècle dernier. Elle a été influencée par les slogans des mouvements estudiantins et ouvriers européens, tels les événements de mai 1968 en France. Le coup d'envoi de l'organisation a eu lieu en mai 1970, lorsqu'Andreas Baader s'est évadé de sa prison avec l'aide de la journaliste Ulrike Meinhof, faisant porter leurs noms à l'organisation dans les médias aux dépends du nom officiel du groupe.

L'organisation de l'Armée rouge allemande, ou « Bande de Baader-Meinhof », est née des groupes de protestation populaires apparus en République Fédérale d'Allemagne (RFA) à la fin des années soixante du siècle dernier. Elle a été influencée par les slogans des mouvements estudiantins et ouvriers européens, tels les événements de mai 1968 en France. Le coup d'envoi de l'organisation a eu lieu en mai 1970, lorsqu'Andreas Baader s'est évadé de sa prison avec l'aide de la journaliste Ulrike Meinhof, faisant porter leurs noms à l'organisation dans les médias aux dépends du nom officiel du groupe.

L'histoire réelle de l'organisation a commencé avec la rencontre d'Andreas Baader avec la jeune femme Ulrike Meinhof, quoique leurs origines familiales, sociales et culturelles soient très différentes voire opposées. Baader, né à Munich en 1943, appartenait à une famille pauvre et a perdu son père sur le front russe au cours à la Seconde Guerre mondiale. Son enfance et son adolescence ont été caractérisées par l'insouciance et l'école buissonnière. Il aimait voler des voitures et des motos avec des amis pour le plaisir. Peut-être que ses idées de gauche et sa “conscience de classe" l'ont empêché de devenir un criminel professionnel.

  Ulrike Meinhof, quant à elle, est d'une famille aisée aux origines religieuses liées à la secte protestante luthérienne. Son père était historien de l'art et sa mère enseignante. Très tôt, elle rejoint les mouvements pacifiques de gauche contre la guerre et écrit des articles de gauche en raison de ses études dans les médias. Elle devait épouser le journaliste Kaus Reiner, avec qui elle a eu deux fils jumeaux, mais elle s'est séparée de lui apparemment pour son engagement presque total dans ses activités politiques.

Environnement politico-social

L'environnement politique et social qui prévalait en Allemagne dans les années soixante et au début des années soixante-dix a ouvert la voie à l'émergence de nombreux mouvements et groupes idéologiques. Le pays a connu une croissance économique incroyable après l'épuisement matériel et démographique provoqué par la Seconde Guerre mondiale et la division est-ouest. Une partie de la jeunesse allemande de l'ouest s'est tournée vers les mouvements de gauche hostiles à la subordination de l'Europe à la politique américaine.

Les relations de certains hommes politiques allemands avec le régime nazi ayant conduit le pays à la destruction pendant la Seconde Guerre mondiale et leur adoption ultérieure de modèles d'extrême droite ont suscité l'ire des mouvements hostiles à la division du pays, surtout après que les autorités communistes ont commencé à ériger le mur séparant les parties est et ouest de Berlin.

L'idéologie des élites politiques de la RFA constituait un véritable obstacle, d'autant plus que les dirigeants des années 50 et 60 ont adopté des lois d'exception pour empêcher les manifestations et punir les agents du secteur public aux idées politiques qualifiées d'hostiles au système fédéral, outre que la police et l'armée faisait preuve d'un comportement inapproprié envers les manifestants dans les rues et les places principales, accusés de sympathiser avec les idées communistes et de soutenir, d'une manière ou d'une autre, le gouvernement pro-Moscou sur le côté est.

L'assassinat d'étudiants lors des manifestations de fin 1960, par la police ou des groupes d'extrême droite sympathisant du régime nazi défunt a attisé les flammes des mouvements anti-gouvernementaux et exacerbé la situation politique tendue.

Bien que cet état de troubles sociaux ait conduit à la chute du gouvernement central lors des élections de 1969 et la montée du Parti social-démocrate dirigé par le célèbre politicien Willy Brandt, la scène politique a continué à subir des revers constants, en raison de l'adoption par le nouveau gouvernement de lois imposant de strictes restrictions aux libertés individuelles et publiques sous prétexte d'empêcher le chaos et les conflits sociaux.

Organisation de “Baader-Meinhof"

Le parcours de la journaliste Ulrike Meinhof est rempli de paradoxes et d'événements complexes. Elle a commencé à accuser le système capitaliste d'être responsable de la non-réalisation des valeurs de démocratie et de justice sociale. Elle a été chargée, en tant que journaliste de la revue Concrete, de couvrir l'incendie d'un grand magasin et l'affaire dans laquelle deux jeunes hommes étaient accusés de l'avoir détruit, pour «éliminer une manifestation du capitalisme sauvage». L'un d'eux s'appelait Andreas Baader, avec qui elle a fait connaissance lors du procès. Il fut condamné à une peine de prison avec libération conditionnelle.

Le premier paradoxe est que Meinhof a fini par quitter le magazine Concrete, qu'elle accusait d'être trop indulgent envers le capitalisme de consommation, ce qui l'a conduite à rejoindre des groupes d'extrême gauche plus engagés et à faire connaissance de Mme Gudrun Anselin, une amie d'Andreas Baader, or ce dernier a été renvoyée en prison pour conduite à grande vitesse.

  Le deuxième paradoxe de la carrière de Meinhof était son projet de libérer le prisonnier Andreas Baader d'une série de délits et de délits mineurs qui n'avaient rien à voir avec son action politique. Elle a profité de sa position de journaliste pour le rencontrer en privé, puis le faire évader avec l'aide de l'amie de Baader, profitant du fait qu'il était un prisonnier peu connu.

Après l'opération, les trois hommes se sont rendus hors d'Allemagne pour suivre une formation militaire, avant d'y revenir et de mener des attentats dans des commissariats de police, des tribunaux et des bases de l'armée américaine déployée en Allemagne de l'Ouest. Le champ de leurs activités criminelles s'est élargi jusqu'à ce que la nouvelle organisation devienne la principale préoccupation des forces de sécurité et de renseignement allemandes jusqu'à leur arrestation.

Ulrike Meinhof, en tant que cerveau de l'organisation, a été transférée dans une prison de haute sécurité et placée dans une cellule d'isolement fortifiée. Ses conditions de détention strictes ont suscité de nombreuses protestations de la part de diverses organisations humanitaires. Les membres de l'organisation se plaignant de leurs conditions de détention ont entamé une grève de la faim qui a causé la mort d'un membre du groupe nommé « Holger Mainz » en 1974. Cela a coïncidé avec une série d'opérations armées menées par les membres de l'organisation en liberté. Le procès de Meinhof, Baader, Gudrun Anselin et d'autres commença en 1975 en parallèle avec la grève de faim des prisonniers.

La situation s'est tendue en 1976 après la découverte du corps d'Ulrike Meinhof dans sa cellule. Le rapport médico-légal a déclaré qu'elle s'était pendue, mais certains médias et organisations politiques ont accusé les autorités pénitentiaires d'avoir orchestré son assassinat.

Crimes terroristes

Les procès se sont poursuivis contre les autres prisonniers du gang Baader-Meinhof et des peines de réclusion à perpétuité ont été prononcées à leur encontre, ce qui constitue la peine maximale en RFA. Ces décisions ont ouvert la voie au détournement d'un avion allemand de Lufthansa en partance de Majorque vers Francfort et qui a été contraint d'atterrir à Mogadiscio le 13 octobre 1977, avec environ 90 passagers à bord.

Les ravisseurs appartenant apparemment à un groupe palestinien ont conditionné la libération des otages à la libération de plus de dix membres du Baader-Meinhof détenus en Allemagne. Cinq jours plus tard, une unité spéciale de l'armée allemande fut chargée de prendre d'assaut l'avion, tuant tous les pirates de l'air sauf un.

Le troisième paradoxe de l'histoire de l'organisation est que tous les prisonniers pour lesquels le groupe avait détourné l'avion, sont morts dans les heures qui ont suivi dans des circonstances très étranges.

Bien que le gouvernement ait confirmé qu'ils s'étaient suicidés, à l'exception d'Ingemar Müller, qui s'est poignardée à plusieurs reprises sans parvenir à se donner la mort, beaucoup soupçonnaient les forces de sécurité d'avoir conspiré pour les assassiner. En fait, la majorité des organisations, partis et institutions de la société civile se sont abstenues de demander des comptes à l'État, notamment à cause de la tension qui prévalait, résultat des opérations de l'organisation et des campagnes de sécurité à son encontre. Cette période très fragile de l'histoire allemande contemporaine fut appelée “l'automne allemand".

Le dilemme est qu'avant les deux incidents d'avion à Mogadiscio et le prétendu suicide de masse dans les prisons allemandes, l'organisation avait kidnappé un homme d'affaires allemand influent nommé Heinz Martin Schlier dans une opération qui avait abouti à la mort de deux policiers, du chauffeur de voiture, et du garde du corps. Suite à la nouvelle du suicide, Heinz a été assassiné et son corps a été placé dans le coffre d'une voiture abandonnée dans une ville française à la frontière avec l'Allemagne.

Cet assassinat a généré une vague d'arrestations dans les rangs de l'organisation qui a contribué à son affaiblissement. Elle devait perdre pendant un certain temps son efficacité, mais elle a connu de soubresauts de vie à diverses périodes à partir des années 80, à travers une série d'assassinats et de faibles opérations incomparables à la férocité des années soixante-dix, jusqu'à ce que la dissolution de l'organisation soit annoncée le 20 avril 1998, à travers une déclaration envoyée à une agence de presse de la ville allemande de Cologne.

Entre terrorisme et mythe

L'Armée rouge (RAF) n'a pas bénéficié d'un large soutien populaire, contrairement à d'autres organisations armées, comme l'Armée républicaine irlandaise (IRA) ou l'ETA dans les zones rurales et montagneuses du Pays basque espagnol, car elle manquait de principes nationalistes. Elle focalisait plutôt sur le facteur idéologique extrémiste, qui occupe une place importante dans l'histoire allemande contemporaine, avec un bilan sanglant de 34 personnes, dont la plupart étaient des juges, hommes d'affaires, banquiers, agents sécuritaires et militaires de l'armée américaine stationnée en Allemagne.

L'organisation a tourmenté les autorités allemandes depuis plus de dix ans et de nombreux Allemands âgés se souviennent encore des images de l'homme d'affaires Heinz-Martin Schlier aux mains du groupe, et qui était photographié quotidiennement brandissant une banderole sur laquelle est écrit le nombre de jours de son emprisonnement.

Il leur est également difficile d'oublier le célèbre logo de Baader-Meinhof, composé d'une étoile rouge, une mitrailleuse et les sigles RFA. Ce qui frappe, ce sont les circonstances mystérieuses dans lesquelles Meinhof, son ami Baader et dix de leurs collègues sont morts, et les histoires héroïques racontées à leur sujet et les “intentions romantiques que certains magazines et journaux imputaient aux fondateurs du groupe. Tous ces facteurs ont contribué à dresser un tableau presque mythique du groupe, quoiqu'elle soit impliquée dans des assassinats et des sabotages insensés.

L'Allemagne s'est efforcée d'effacer cette image mythique contraires aux intentions terroristes du groupe à travers une série de livres et la production du film « Complexe Baader-Meinhof », projeté dans les cinémas en 2008. Ce film, l'un des plus chers, vise selon les termes de son directeur, Brend Ehinger, à gommer l'image « romantique » que certains citoyens continuent d'attribuer à l'organisation, surtout après que certains d'entre eux avaient indiqué que son objectif premier était d'expulser les forces américaines du continent européen.

  Après 1998, l'activité du groupe ne s'est pas complètement arrêtée. Quelques membres qui ont refusé de se soumettre à la décision d'arrêter définitivement la lutte armée, ont été impliqués dans une série d'attaques contre des magasins, banques et commissariats de police. La police allemande soupçonne ces éléments d'avoir commis des attentats dans des des institutions commerciales et bancaires en 2016, tout en excluant que ces actions soient liées à un plan terroriste régulier.​