L’accord sur une définition claire des concepts et de la terminologie médiatiques relatifs au phénomène terroriste est très important, et va au-delà de la génération d’idées et de perceptions correctes, permettant d’éviter aux chercheurs et aux spécialistes en politique, droit et relations internationales dans les domaines liés aux problèmes des médias, de commettre des erreurs liées à ces termes en les déformant ou en les manipulant.

Cette entente contribue également à atteindre des objectifs de grande portée dans de nombreux domaines de la vie humaine, tels que la stabilité, la sécurité, la paix, la justice, les Droits de l’homme, l’éducation intellectuelle et culturelle des jeunes, la diffusion de la culture de la paix entre les nations et les peuples, et la promotion du statut et de la dignité des États dans leurs relations avec le reste du système international.

Termes et Concepts
À défaut d’un dictionnaire qui unifie les termes médiatiques du terrorisme et permet aux professionnels des médias de les utiliser avec exactitude, il s’avère autrement difficile de comprendre les différences entre certains termes, tels que le terrorisme visant à tuer arbitrairement des civils et l’extrémisme visant le changement fondamentaliste ou de distinguer entre les militants armés confrontés à des forces d’occupation et les terroristes.

Ce bref article aborde trois questions de façon générale et non détaillée, à savoir primo ce que l’on entend par les termes médiatiques du terrorisme, secundo l’effet de ces termes en usage dans divers domaines, et tertio les domaines et les utilisations des concepts et des termes liés au terrorisme.

Sur le plan international, les nombreux termes médiatiques liés au phénomène terroriste en usage dans les médias officiels, privés ou terroristes, traditionnels ou virtuels sont sujets à de multiples interprétations, ce qui renforce la terminologie médiatique impropre et les idées erronées portant atteinte à la stabilité politique et sécuritaire.

En outre, ces termes et concepts sont entrés dans le lexique des médias arabes et islamiques, ont désormais un impact clair sur la conscience de l’homme arabe et musulman, et ont engendré des images déformées de l’Islam et des musulmans auprès des destinataires musulmans eux-mêmes, comme en témoigne le terme «État islamique», utilisé pour désigner Daech.

Qu’entend-on par la terminologie du terrorisme dans le domaine médiatique? Et que veut dire la terminologie du terrorisme dans les médias des terroristes?

Nous entendons par terminologie médiatique du terrorisme ou termes de terrorisme liés au domaine des médias, l’ensemble des concepts et de termes médiatiques liés au phénomène terroriste ou interdépendants avec d’autres domaines, tels que la politique, la sécurité et le droit, dont à titre d’exemple les termes d’infiltration informatique, la promotion du terrorisme, le jihad électronique, les dommages virtuels, l’allégeance à distance, les sources d’informations parallèles et le buzz  du discours confessionnel.

Récemment, des efforts spécialisés ont été institués pour détecter et rassembler ces termes dans une publication séparée, puis bien les définir et faire face aux défis résultant du chaos de leur usage à tort et à travers. Parmi les plus importantes initiatives à cet égard figurent le «Dictionnaire de la Terminologie du Terrorisme», adopté par la Coalition Islamique Militaire pour Combattre le Terrorisme, la (CIMCT), et le «Guide de Terminologie Unifié», pour la couverture du phénomène du terrorisme.

Impact mutuel
La terminologie du terrorisme dans la sphère médiatique a des effets multiples et divers découlant de l’expansion géographique du phénomène terroriste lui-même et du pouvoir des médias et leur influence sur les multiples aspects humains et culturels, outre que ces termes se chevauchent avec d’autres domaines et les influencent activement et passivement, à travers les différentes acceptions politique, culturelle, juridique, sociale, économique, sécuritaire et militaire.

Ainsi, la terminologie médiatique du terrorisme participe de façon risquée à la formation de la conscience et la culture des individus, à travers la communication de masse, ou l’impact culturel et intellectuel du phénomène terroriste. Les médias peuvent véhiculer de la sorte de fausses perceptions de certaines questions relatives au phénomène terroriste, en extrapolant certains concepts et termes, et en focalisant sur certains détails hors de leur contexte général.

La difficulté de parvenir à des définitions convenues des termes de terrorisme a eu un impact négatif dans le domaine juridique et législatif et porté atteinte à la justice pénale et aux Droits de l’homme. Certes, le terme de terrorisme ne dispose pas jusqu’à ce jour de définition unanime au niveau international, à l’exception de la définition adoptée par la Convention Arabe sur la Lutte Contre le Terrorisme en 1998. Il est regrettable à cet égard que la traduction littérale en arabe du terme «terrorisme» soit très risquée, vu que les chercheurs et les médias ont adopté ce terme dans son acception occidentale et agissent sur le terrain selon le concept occidental.

Outre la difficulté de s’entendre sur les définitions des termes terroristes, l’absence de référence scientifique, littéraire ou académique sur laquelle on peut s’appuyer et se référer dans cette tâche fait défaut. La plupart des lois antiterroristes manquent de définitions complètes de termes et concepts médiatiques liés aux crimes terroristes, en particulier les crimes liés aux technologies de l’information, aux médias et au journalisme électronique, aux médias sociaux ou aux crimes de financement et de soutien médiatique.

L’ampleur de l’influence politique et psychologique est grande en raison de l’ambiguïté de sens de nombreux termes médiatiques du terrorisme, les médias en général utilisant souvent ces termes médiatiques sans discernement, ce qui affecte la crédibilité de ces médias, privant le destinataire de son droit d’accéder aux informations correctes, tout en affectant profondément la stabilité politique et les relations entre les peuples et les gouvernements.

Il se peut que le concept d’intoxication politique résultant de la diffusion de ces termes déformés dont certains médias usent pour rendre compte des opérations terroristes, et dans les divers programmes liés au phénomène terroriste, ait un grand impact négatif sur les positions politiques et les relations internationales. Cette intoxication politique vise l’esprit et le psychisme humain pour tenter d’influencer les principes et la façon de penser. Elle fait partie de la guerre psychologique à long terme, et l’ampleur du succès et de l’échec se mesure par les changements que cela engendre parmi l’élite des politiques, penseurs et intellectuels, et l’opinion publique du pays.

Une étude s’appuyant sur un sondage sur la stratégie médiatique pour faire face au phénomène terroriste, sous l’intitulé: «Sujet communicateur et problématiques des questions de terrorisme», a révélé l’existence de termes et de concepts médiatiques devant être redéfinis par des spécialistes et des experts pour améliorer le niveau de suivi médiatique des incidents terroristes. L’étude recommande de remplacer certains termes par d’autres, afin de remettre le phénomène terroriste dans sa dimension naturelle sans l’exagérer ni le sous-estimer, et d’éviter de tomber dans le piège de la propagande au terrorisme.

Domaines et utilisations
Les termes et concepts médiatiques de terrorisme s’emploient dans de nombreux domaines de l’humanitaire, du développement et de la civilisation, directement ou indirectement, vu l’interdépendance de ces domaines et la nécessité d’utiliser les divers médias.

Cette interconnexion a été facilitée par le développement rapide des médias notamment électroniques au cours des dernières décennies du XXème Siècle et l’expansion des médias sociaux. De même, les législations et le domaine juridique en relation avec les concepts juridiques et la terminologie des crimes terroristes sont les domaines les plus à risque. Outre que la guerre médiatique entre les régimes politiques et leur appareil de sécurité d’une part, et les organisations terroristes d’autre part, a contribué, à travers les couvertures de certains médias, réseaux d’information internationaux et sites Web à la propagande massive et généralisée aux actions terroristes jouissant d’une présence médiatique sans pareille.

Cela a permis aux organisations terroristes de manipuler la terminologie médiatique pour leur compte, ce qui a aidé à propager des termes religieux et humanitaires erronés et déformés qui servent les intérêts des organisations terroristes, leurs orientations et leurs approches.

La terminologie médiatique du terrorisme concerne des domaines multiples qui ne peuvent être cernés dans ce bref article, comme le domaine de la propagande et du marketing, dans lesquels les termes, tels que «promotion» et «facilitation» abondent, ou bien la sphère militaire et sécuritaire usant de termes médiatiques, tels que recrutement, jihad électronique, cerveau décideur, loups solitaires et enfants kamikazes; ou le domaine financier usant des termes, tels qu’extorsion, financement du terrorisme et blanchiment d’argent.

Conclusion 
L’absence d’une référence médiatique arabe spécialisée unifiée qui répertorie les termes du terrorisme en général, et la terminologie du domaine médiatique en particulier, est l’une des principales raisons conduisant à la désinformation concernant les incidents terroristes.

Cela contribue également à soutenir indirectement le terrorisme à travers le recours aux concepts que les organisations terroristes souhaitent diffuser, ce qui aide à extrapoler le phénomène terroriste en lui donnant une taille et une puissance bien supérieures à sa taille réelle. Aussi, est-il recommandé d’accélérer l’émission du «Lexique des termes du terrorisme» de la Coalition Islamique Militaire pour Combattre le Terrorisme, la (CIMCT), pour en faire une référence auprès des médias et autres institutions de recherche, et pour unifier la terminologie en expressions et connotations, et contribuer à éliminer les ambiguïtés liées au vocabulaire du terrorisme en général et du champ médiatique arabe en particulier.