L’homme est un être unique dans sa nature complexe et mystérieuse, dans laquelle se combinent les qualités les plus nobles et les plus sublimes avec les natures les plus basses et les plus brillantes; et se heurtent des instincts et des tendances contradictoires et incohérents: L’instinct de vengeance et l’amour de la destruction et de la mort face à l’amour de la vie, et la tendance à l’altruisme et au don contestée par l’instinct de l’égoïsme et de la rareté.

Ce phénomène de l’unicité de l’homme n’est pas étrange, que l’on en discute selon les principes religieux ou les théories matérielles naturelles, l’homme étant la créature la plus sublime dans l’échelle des êtres, et la plus digne d’être distinguée entre elles. Comprendre cela et l’accepter dépend d’un jugement majoritaire et non d’un jugement global et complet de la réalité de l’homme, depuis l’aube de son histoire jusqu’à nos jours, car la distinction qualitative de l’être humain n’a pas fait de lui la créature la plus performante; notamment, l’homme de l’époque moderne, qui a nui à la vie de son entourage, semé la peur et altéré l’équilibre écologique qui a été stable pendant des millions d’années. Il ne s’est d’ailleurs, pas arrêté à ce point et est devenu au cours des cent dernières années, le plus grand tueur de sa race, lors des deux guerres mondiales en particulier, et des guerres et conflits qui les ont suivis; puis, au cours des vagues successives de violence qui ont coûté la vie à des millions de personnes dans le monde.

La nature humaine
Regarder ce monde fluctuer individuellement et collectivement, avec les types d’extrémisme et de violence sous toutes leurs formes et manifestations, nous renvoie toujours, à la grande question philosophique sur la nature de cet être unique, s’agit-il d’une nature bonne ou pécheresse? Les actions qu’une personne accomplit sont-elles liées à son inné et à sa nature, ou proviennent-elles de son éducation? Les gens se sont divisés là-dessus, en sectes favorisant telle ou telle opinion ou se tenant entre elles.

Le philosophe anglais Thomas Hobbes affirme à travers son célèbre dicton: «L’homme est un loup pour son frère», que la nature de l’homme est liée au mal et à l’usage de la violence envers les autres, chaque fois que l’occasion se présente; la norme pour Hobbes étant celle de guerre. La question ne s’arrête pas à ce point, mais va au-delà, pour faire de la guerre une guerre de tous contre tous. Hobbes s’appuie sur cette idée pour établir son concept du besoin de l’homme d’une force de dissuasion sociale contre cette nature perverse, protégeant l’humanité de ses effets destructeurs. Ce concept était connu sous le nom de théorie du (Contrat Social), qui a été développée par un groupe de philosophes et a abouti à différents types de pouvoir, sous ses diverses formes, et son interprétation de la relation de l’individu à ce pouvoir et de ses effets sur celui-ci.

Le philosophe John Locke affirmait, en revanche, que l’homme est bon et pacifique par nature et que ce sont les conditions économiques accumulées qui ont créé en lui un état de violence et le désir d’utiliser la force envers son prochain; comme si la violence n’était rien de plus qu’une réaction insensée avec laquelle l’homme affronte les contradictions de la vie sociale et les pressions exercées sur lui, par des institutions sociales qui essaient constamment d’imposer leur propre logique et vision aux individus et aux groupes.

La disposition à la critique
La question de la nature humaine restera dans le cercle de l’effort rationnel susceptible de critique et de révision. Malgré la tendance de la théorie islamique, partant du principe de la fitrah (état de nature), à l’idée de charité à l’origine de la nature humaine, et inférée à Allah (Dieu), Le Tout-Puissant, qui a dit: «Telle est la nature (la disposition) qu’Allah a originellement donnée aux gens» [Al-Rum-30]. Le Prophète (PSL) a confirmé dans le Hadith, ci-après, la responsabilité des deux parents dans le processus comportemental de leur enfant et la détermination de son avenir: «Chaque enfant naît avec la bonne nature... », Hadith vrai, rapporté par Muslim.

Une lecture plus large des textes révèle les mauvaises tendances de l’âme humaine si elle ne suit pas la direction divine et n’est pas guidée par la lumière céleste. Allah, le Tout-Puissant a dit: «O homme! Qu’est-ce qui t’a trompé au sujet de ton Seigneur, le Noble». [Al-Infitar-6]. Il a également, dit: «Que périsse l’homme! Qu’il est ingrat!» [Abasa-17].

Quelle que soit l’opinion prépondérante que nous choisissons, cela ne changera pas la vision éducative de l’être humain, qui le conduit vers la bonté et la droiture pour l’amener à l’état de perfection humaine, l’objectif de l’éducation et le fondement sur lequel elle repose. Atteindre cet objectif n’est pas facile et sa difficulté n’est pas non plus due aux contraintes que subissent les humains. Elle réside plutôt dans le fait que l’homme a une longue enfance, une maturité lente qui dure des années, et parce qu’il est de nature bifurquée, dans laquelle ses instincts, ses tendances, ses idées et ses perceptions interagissent.

Construire la personnalité d’une personne du point de départ (avec le nouveau-né), jusqu’à l’âge adulte et la responsabilité, sont des étapes successives dans lesquelles les influences se chevauchent et pour lesquelles les différentes institutions travaillent. Il y a cependant, dans ce contexte, des questions urgentes auxquelles il faut répondre: Comment l’état de violence survient-il dans la personnalité humaine? Jusqu’à quand cet état serait-il caché en lui? Comment l’état de violence devient-il évident pour le public, afin qu’il puisse le surveiller après avoir été lésé par son comportement préjudiciable?

La socialisation
La socialisation, y compris la transmission des valeurs d’une génération à l’autre, permet à l’individu de penser, d’agir et de corriger les choses d’une manière qui imite ce que font les membres de la société. C’est le résumé de l’éducation et son but ultime. La société mobilise, à cet effet, toutes ses institutions, à commencer par la famille, puis l’école, à travers les médias, les relations sociales et autres. Au fur et à mesure que la vie se complique, les influenceurs se diversifient et leurs effets se chevauchent, faisant du traçage d’impact pour atteindre l’influenceur un processus similaire à celui de trouver une aiguille dans une botte de foin.

Tenter d’expliquer le phénomène de la violence selon une approche unique sera une confiscation intellectuelle infructueuse, car ce phénomène ne peut être retracé à une seule cause qui peut être facilement identifiée et traitée. Il existe donc, de nombreuses théories qui l’expliquent, dont certaines sont fondées sur la réalité sociale, tandis que d’autres dépendent de l’interprétation économique et de son impact sur l’ampleur de la violence et son intensité. Il existe ainsi, des théories qui prévalent sur le côté instinctif biologique, et d’autres qui expliquent le phénomène par un facteur culturel. Tout cela montre l’ampleur de la complexité des tentatives d’expliquer le phénomène de la violence et d’en connaître les racines. Afin de ne pas distraire l’honorable lecteur, nous nous limiterons dans cet article, à présenter une vision éducative de la violence et de ses racines dans la personnalité humaine.

Il ne fait aucun doute que la présence de violence dans la personnalité humaine n’est pas une situation soudaine ou d’urgence. Il s’agit plutôt d’un processus dont les étapes et les erreurs continuent d’être poursuivies jusqu’à ce qu’il atteigne un état de non-retour qui suit la pratique de la violence et ses effets néfastes sur l’individu et la société. Le phénomène de la violence est inévitablement une conséquence des erreurs accumulées et continues que les établissements d’enseignement insistent pour pratiquer, dont le problème émane et est exacerbé. Ses effets se manifestent par la suite et se propagent dans les sociétés; ce ne sont pas les preuves qui manquent tant elles sont abondantes ces dernières décennies.

Par conséquent, il faut un traitement réaliste et rationnel du phénomène de la violence, tant que l’idée d’éradiquer la violence de la vie des gens est une idée idéale qui ne peut être acceptée par la nature de la vie, et que l’expérience de l’homme tout au long de son histoire ne peut l’admettre. Il est donc nécessaire de s’orienter vers un encadrement du phénomène et en réduire la gravité à ses limites minimales, d’une manière qui assure l’éradication de ses effets destructeurs au niveau de la vie privée et publique. C’est ce que l’éducation s’efforce de réaliser.

L’esprit critique
Les racines les plus dangereuses de la violence dans la personnalité humaine résident dans le fait que la faculté de critique est faible, et qu’elle est à la queue des compétences, en raison de la négligence des éducateurs de la construction mentale correcte des jeunes, de leur incapacité à leur fournir des capacités de réflexion et de pensée critique plus élevées, des mauvaises méthodes éducatives qu’ils suivent, et des comportements dont certains sont pratiqués consciemment, et beaucoup d’autres pratiqués dans des états d’inconscience, tels que des pratiques autoritaires qui terroriseraient l’enfant, l’endoctrinement systématique sous prétexte de préserver l’héritage culturel qui prévaut dans la société… Tout cela conduit à la formation de personnalités autistes incapables de comprendre le décalage imposé par les normes de vie, entre les êtres humains; et l’importance de cette disparité dans l’intégrité de l’image humaine du public.

Malgré l’intérêt porté ces derniers temps, à la faculté de critique et aux compétences mentales qui y sont liées, répandu sous le terme d’enseignement de la pensée critique, et en dépit de l’expansion de nombre de nos établissements d’enseignement, en particulier les établissements universitaires, dans l’enseignement de cette faculté, un seul cursus ou même une série des cours magistraux ne suffisent pas à donner à nos enfants des capacités de réflexion, à les inculquer dans leur âme et à les consacrer dans leur personnalité. Il donc impératif de former nos enfants à ce sujet et de les habituer à les pratiquer dans des situations éducatives variées qui s’étendent le long de la chronologie du processus éducatif, afin qu’ils puissent les maîtriser et bien les utiliser dans tous les domaines de leur vie.

La pensée critique, telle que définie par les professionnels, est une pensée rationnelle et contemplative basée sur la prise de décisions sur ce qu’il faut faire dans une situation. Le Chercheur Palilan explique que l’importance de la pensée critique réside dans l’immunisation de l’individu contre les idées fausses, l’extrémisme et l’intolérance intellectuelle; et dans le fait de rendre la personne ouverte et réceptive aux autres, même à ceux avec qui il n’est pas d’accord en doctrine ou en pensée.

La formation de la personnalité de l’enfant l’oblige, selon le concept d’obéissance absolue, à réduire sa capacité à critiquer, et à exprimer ses pensées et ses convictions. Il est, à cet effet, nécessaire que la personnalité de l’enfant devienne docile, gérable et hautement contrôlable.

C’est ce qui rend l’adoption d’idées de toute nature, facile, rapide et de nature extrême, ces idées n’étant pas fondées sur des convictions mentales ou une pensée contemplative; ce qui est évident chez la plupart des adeptes de groupes violents dans le monde.

Bannir l’esprit
Les manifestations de la violence sous toutes ses formes et tous ses niveaux, ont en commun l’exclusion de l’esprit et la prédominance de la logique de la force. Cela s’applique étroitement à la définition de la violence, approuvée par l’Organisation Mondiale de la Santé, qui est: (L’utilisation intentionnelle de la force physique réelle, ou la menace de l’utiliser, sur soi-même, sur une autre personne, sur un groupe de personnes ou sur la société dans son ensemble… Ce qui entraîne des blessures, des décès, des dommages psychologiques, une croissance médiocre ou des privations… ou encore, ce qui pourrait conduire à cela dans une large mesure).

L’absence de raison conduit à la dépendance à la force, et c’est la violence elle-même, qu’il s’agisse de violence individuelle ou de groupe, qu’elle se situe dans un cercle restreint comme la famille et les relations individuelles ou qu’elle soit générale, comme dans le cas de la violence politique et de la violence des groupes fondamentalistes.

Si le champ est restreint dans ce bref article pour enquêter et assurer le suivi des applications éducatives et des pratiques pragmatiques ayant affaibli la faculté de pensée critique des jeunes dans les institutions éducatives et la vie sociale. Il nous suffit d’avoir découvert certaines des racines du problème et passé en revue, certaines de ses causes et solutions. À cet égard, nous affirmons qu’il s’agit de l’une des priorités du travail éducatif. Les éducateurs devraient y prêter attention et y travailler selon des fondements scientifiques, des applications pratiques et des programmes éducatifs bien conçus, en particulier les établissements d’enseignement réguliers qui portent la plus grande responsabilité de l’éducation dans la société.