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Terrorisme bon marché - Moindres coûts et lourdes pertes
Certes, les mesures de sécurité strictes imposées dans des lieux vitaux du monde dont le coût a été estimé, selon les dernières statistiques mondiales, à plus de 300 milliards de dollars, ont réduit les attaques terroristes mondiales d’environ 35%. Le renforcement des mesures de sécurité et la coopération entre les États dans l’échange d’informations, ont contribué à assiéger les terroristes et limiter leurs capacités à commettre leurs actes criminels. Toutefois, la moyenne annuelle de victimes du terrorisme ne cesse d’augmenter.

Et si l’on prend en compte que le coût d’une opération suicide aux explosifs ou aux tirs aveugles, ne dépassant pas 150 dollars conduit en moyenne à tuer 12 personnes et à semer la terreur dans les cœurs de centaines d’individus.

Changement de moyens
La fortification des ambassades, ministères et sites vitaux dans la plupart des pays a rendu difficile la réalisation d’opérations terroristes organisées, poussant les terroristes à dresser des plans pouvant tuer un maximum de gens en dehors du champ d’application de ces mesures. Les terroristes visent à causer le choc médiatique, semer l’horreur et gagner en renommée au détriment de vies innocentes, en application de leurs plans optant pour les enlèvements d’individus, le terrorisme familial, de gangs et de vengeance et le recours aux enfants kamikazes, à l’intoxication, aux loups solitaires ou aux attaques simultanées.

Ainsi, au lieu d’opérations de grande envergure soigneusement planifiées nécessitant d’importantes ressources financières, les groupes terroristes optent désormais pour des opérations bon marché utilisant des outils peu coûteux et faciles à avoir. Le 7 juillet 2005, des bombes confectionnées à partir de bouteilles remplies de clous et de produits explosifs ménagers ont été découvertes dans la voiture d’un participant aux attentats de Londres. Les explosifs de ce type bon marché et de fabrication locale sont devenus disponibles après cette date. Le 21 du même mois, le Royaume-Uni a déjoué un complot visant à faire exploser quatre bombes dans des moyens de transport par le biais d’explosifs placés dans des récipients en plastique bon marché utilisés par les ménages. Le 22 mai 2008, le jeune britannique «Nicky Reilly» a tenté de placer des explosifs improvisés dans un restaurant de Londres. Il a été condamné à la prison où il s’est suicidé en Octobre 2016.

Aux États-Unis d’Amérique, les forces de sécurité ont contrecarré deux opérations de «bombe sous-vêtements» utilisées lors de deux tentatives infructueuses pour abattre deux avions américains, le jour de Noël en 2009, et en Mai 2012. Le 10 septembre 2010, Lors Doukaiev a tenté de faire exploser une bombe improvisée dans l’hôtel Jorgensen à Copenhague. En Janvier 2015, une attaque a eu lieu contre le supermarché «Casher-Halal» à Paris, faisant quatre morts. Le 26 février 2016, une jeune fille de 15 ans affiliée à Daech a poignardé un policier à Hanovre, en Allemagne. Toutes ces attaques terroristes ont été menées avec des armes légères et improvisées.

Réactions
Les pays du monde se sont rendu compte de ce changement de moyens des organisations terroristes. L’ancien Président américain Barack Obama a déclaré dans un discours en 2015 sur le terrorisme national et international: «Puisque nous savons mieux prévenir les attaques complexes et multiformes, comme l’opération du 11 septembre 2001, la menace terroriste a évolué au cours des dernières années vers une nouvelle étape et opté pour des actes de violence moins complexes, tels que les fusillades de masse très courantes dans notre société».

La même année, le Directeur du FBI, James Comey, a déclaré: «Al-Qaïda n’est plus comme l’ancienne organisation s’intéressant aux attaques complexes et planifiées de longue date menées par des militants soigneusement triés. Nous sommes toujours confrontés à ce défi, mais cette ancienne Al-Qaïda est très différente de ce que nous voyons aujourd’hui. Daech pense également d’une manière complètement différente». 

L’organisation terroriste Al-Qaïda s’est vantée de ce que l’opération d’épuisement qu’elle mène contre certains États est un processus simple et bon marché qui ne nécessite que deux téléphones portables et deux imprimantes, en plus des frais d’expédition, de transport et autres petites dépenses. L’organisation terroriste a révélé que les attaques futures seraient «plus simples et plus fréquentes».

Coûts du terrorisme
Si nous acceptons que le coût de l’opération terroriste individuelle ne dépasse pas 150 dollars, selon les estimations officielles internationales, l’opération du 11 Septembre, qui a eu lieu sur le sol américain, n’a pas coûté plus de 500.000 dollars, mais a entraîné de lourdes pertes, car elle a causé la mort de près de 3000 personnes et blessé plus de 6000 autres, pour des pertes économiques directes et indirectes estimées à environ 3.3 trillions de dollars. Entre 2004 et 2016, les 28 États Membres de l’Union Européenne ont perdu près de 180 milliards d’euros de leur PIB en raison d’attaques terroristes bon marché.

Selon les rapports internationaux, les statistiques  indiquent que l’impact économique mondial du terrorisme s’est élevé à 33 milliards de dollars en 2018, contre 54 milliards de dollars en 2017, avec une baisse de 38%. Les pertes ont atteint leur maximum en 2014, pour un coût estimé à 111 milliards de dollars. Les pertes s’élevaient en 2015 à 94 milliards de dollars et en 2016 à 92 milliards de dollars.

Ces estimations sont prudentes, car les effets économiques du terrorisme sont à long terme, affectant les recettes touristiques, les activités commerciales, de production, d’investissement et les coûts liés à la sécurité, à lutte contre le terrorisme et aux décès, blessés, destructions de biens et pertes de produit intérieur brut. D’autant plus que les stratégies et les plans des terroristes dans les affrontements internes combinent les coûts bas et les rendements élevés. Le terrorisme sème la panique et cible les personnalités importantes, notamment les fonctionnaires, officiers, hommes d’affaires et célébrités, ainsi que le grand public qui panique face aux meurtres, alors que les terroristes cherchent à faire exploser des bombes dans les zones surpeuplées, tuant des innocents, sans défense, au moindre coût, avec une bombe confectionnée à domicile, ou en faisant sauter un train avec les explosifs les moins chers. Même les hôpitaux et les écoles n’ont pas été épargnés pour créer un énorme écho aux suivis médiatiques incontrôlés.

Guerre sous pression
Le terrorisme est une voie pour l’enrichissement illicite, motivé par l’avidité et l’extorsion, faisant fi du sang versé, des ravages et des victimes innocentes! Au moment où la guerre contre le terrorisme est devenue inévitable, les pays notamment touchés directement par le terrorisme subissent des pressions internes appelant à la nécessité d’éradiquer le terrorisme, outre les obstacles qui se dressent sur leur chemin dont les restrictions légales qui les restreignent, ainsi que le droit international qui insiste également sur la nécessité de respecter les libertés et les droits de l’homme dans le traitement des terroristes extrémistes qui ont perdu le sens même de l’humanité!

Le paradoxe est qu’il existe des États, des organismes et des organisations qui utilisent les droits de l’homme comme croque-mitaine, accusant certains pays de violer les droits de l’homme tout en luttant contre l’extrémisme et le terrorisme, ce qui est faux dans une certaine mesure et ne tient pas compte du fait que le terrorisme est la plus grande violation des droits de l’homme, de la dignité et de la liberté.

Sources de financement
En voyant de près les actes terroristes bon marché, qui sévissent dans n’importe quelle partie du monde, on se rend compte que les terroristes sont la pire menace pour la vie et la civilisation. De multiples recherches et analyses montrent que la recrudescence de ce terrorisme est le résultat de la prolifération des gangs du crime organisé et de leur alliance temporaire avec ces obsédés de pseudo-justice avec qui ils coordonnent leurs pratiques criminelles, tout cela conjugué avec l’intervention de forces occultes de certains États capables de les utiliser dans des guerres par procuration, pour réaliser des objectifs malveillants, et créer des tensions utiles dans les négociations en contrepartie d’autres dossiers. Cela nous amène à mentionner les sources les plus importantes de financement du terrorisme, à savoir:
  • Alliance d’intérêts: C’est une alliance basée sur l’échange d’intérêts et de services entre les groupes criminels transnationaux organisés et les groupes terroristes, pour atteindre leurs objectifs dans des contextes spécifiques, et qui dépend souvent de (facilitateurs) ou (grands médiateurs), capables de servir d’intermédiaires entre les réseaux criminels et les réseaux terroristes. Toutefois les organisations terroristes peuvent mener à bien sans intermédiaire des opérations de trafic de drogue et d’enlèvements contre rançons, pour se procurer des ressources ou sécuriser des itinéraires de contrebande moyennant des frais.
  • Financement classique: Il s’agit d’un soutien financier ou d’un service «logistique» de quelque type qui soit, fourni aux auteurs d’opérations terroristes, aux planificateurs et assistants et à leurs soutiens. Cela comprend la collecte de fonds auprès de sources légitimes, informées ou non, tels que les dons d’individus, d’États ou d’entités commerciales; ou auprès de sources illégales, comme l’argent d’extorsion et de crime, ou l’argent provenant de ventes de ressources naturelles dans les zones souffrant d’un faible État de droit ou contrôlées par des organisations terroristes, ou provenant de trafic d’antiquités, de pillage de musées, de vol d’archives, de contrebande, de traite d’êtres humains ou de tout trafic illicite, comme les taxes et les prélèvements fiscaux imposés aux commerçants en échange de leur protection.
Défis énormes
Les tactiques terroristes bon marché ont imposé aux institutions de lutte contre le financement du terrorisme, dirigées par le Groupe d’Action Financière «GAFI», un nouveau défi majeur pour faire face à «la microfinance». Les réglementations et les procédures pratiques pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme à grande échelle sont conçues pour contrecarrer de grandes quantités de flux d’argent vers les organisations terroristes connues et non les petites sommes.

Et puisque les banques sont tenues de détecter les transactions illicites, quoique minimes, qui se déguisent en activité financière légitime, et vu le grand nombre de transactions que les banques traitent quotidiennement, cela revient à rechercher une aiguille dans une botte géante de foin.

Le GAFI cite de nombreux exemples courants de financement du terrorisme à petite échelle qui semblent naturelles, telles que les cartes prépayées, les prêts étudiants ou personnels sans intention de remboursement et le recours aux Crypto-monnaies. Toutefois, la détection de ces transactions n’est pas impossible. Un logiciel moderne de surveillance des transactions dispose de règles conçues pour signaler les transactions suspectes, en fonction de certains facteurs de risque, tels que les changements dans la fréquence ou le volume des transactions, quoique l’activité semble légitime. Par exemple, une augmentation soudaine des petits virements eBay vers un compte bancaire peut être inoffensive, mais elle peut indiquer des risques et mérite d’être examiné. Dans de tels cas, pour découvrir des transactions illicites, il faut se demander où va l’argent et non d’où il vient. Pour ce faire, les institutions financières doivent construire un profil de risque client complet, contenant des données de haute qualité pour chaque individu avec ses habitudes de dépenses, ainsi que pour ses proches. La lutte contre le financement du terrorisme nécessite désormais une attention particulière aux comptes individuels, et pas seulement au volume des transactions.

Conclusion
Le terrorisme bon marché use de divers moyens, notamment les astuces d’intoxication et les loups solitaires, menés par des terroristes en solo utilisant des moyens peu coûteux, tels les voitures bélier, les armes légères, les bombes improvisées, les ceintures explosives actionnées dans les lieux publics bondés, ou bien les opérations organisées perturbant le trafic ferroviaire, et les détournements d’avion.

Toutes ces opérations bon marché ont des implications économiques énormes et le résultat est nul, car les terroristes ne réalisent point leurs phantasmes et le développement suit son cours normal, sans compter les âmes innocentes tuées que toutes les religions divines préservent, dont en premier lieu la religion islamique.
14/06/2022 10:33